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melon

dans la partie inférieure des châssis. En mars, on plante en place sur une nouvelle couche. Avant de transporter le plant, on l’étète, c’est-à-dire que l'on coupe la tige primitive au-dessus de la deuxième feuille. Après la reprise, il se développe immédiatement deux branches latérales, qu’on laisse s’étendre jusqu’à ce qu’elles aient huit ou dix feuilles chacune ; on les coupe alors au-dessus de la sixième : il se produit à ce moment de nouvelles ramifications qui presque toujours portent des fleurs fertiles. Il a été proposé un nombre considérable de systèmes de taille pour le melon ; tous peuvent avoir leurs avantages dans quelques circonstances, mais celui qu’on vient de décrire a été reconnu, dans les environs de Paris, comme le plus simple et en général le plus sûr. Il y a deux choses qu’il ne faut pas perdre de vue dans la culture des melons. C’est, d’une part, qu’un feuillage vigoureux, sain et bien développé est indispensable pour avoir de beaux et bons fruits ; on devra donc s’efforcer d’obtenir et de conserver autant de feuilles qu’il en peut tenir dans la portion de châssis attribuée à la plante, sans que ces feuilles se dérobent l’une à l’autre l’air et la lumière. C’est, d’autre part, qu’il est presque toujours nécessaire de hâter la ramification des plantes pour obtenir plus tôt des fruits noués ; car si on laissait le melon suivre sa végétation naturelle, il pourrait ne commencer à donner des fleurs fertiles qu’à un moment où il serait déjà trop tard pour que les fruits pussent arriver à maturité dans de bonnes conditions. Dès qu’il y a quelques fruits noués, on choisit le meilleur, c’est-à-dire celui qui, par sa vigueur et sa position, promet de se développer le mieux, et l’on supprime tous les autres. Dans la culture forcée, on ne laisse qu’un seul fruit par pied. Les derniers soins consistent à supprimer les rameaux inutiles qui peuvent se montrer encore, à assurer le bon développement du fruit en l’isolant de la couche au moyen d’une tuile ou d’une petite planchette, et en le tournant de telle façon qu’il repose autant que possible sur le point d’attache. On obtient quelquefois des melons ainsi forcés dès le mois d’avril, mais c’est surtout pour le mois de mai qu’il faut compter sur cette récolte.

Culture de primeur. — Le semis, pour cette seconde saison, se fait dans le courant et jusqu’à la fin de février ; les opérations en sont semblables à celles de la culture forcée, à part qu’elles ont lieu de trois semaines à un mois plus tard respectivement. Le succès est plus assuré que dans le cas des melons semés en janvier, parce qu’on a moins à craindre des grands froids et du manque de lumière. Aux variétés habituellement cultivées pour la première saison, on peut ajouter le Cantaloup Prescott fond blanc, un peu plus gros et plus recherché à Paris que les autres.

Culture de saison. — C’est celle qui se fait incomparablement sur la plus grande échelle aux environs de Paris et où excellent les maraîchers. Le semis se fait sur couche chaude de la façon ordinaire, et la plantation a lieu dans le courant de mai sur des couches habituellement disposées en grand nombre, les unes devant les autres et occupant tout un carré du jardin. On y emploie principalement les melons Cantaloups Prescott à fond blanc, fond gris et fond blanc argenté, quelquefois le Cantaloup d’Alger, et, rarement maintenant, le melon maraîcher. Après que les plantes ont bien repris, un peu plus tôt ou un peu plus tard, selon l’état de la température, on enlève complète-