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melon

ment les châssis, et toute la culture jusqu’à la maturité des fruits se fait à l’air libre. La taille, le choix des fruits, se font comme aux deux saisons précédentes ; cependant on laisse en général les plantes prendre un peu plus de développement, et assez souvent on cueille deux fruits sur le même pied, mais c’est seulement lorsque le premier est à peu près parvenu à tout son volume qu’on en choisit un second pour le laisser se développer à son tour : on utilise ainsi la vigueur qui reste à la plante sans nuire au premier fruit, qui n’a plus à s’accroître, mais seulement à transformer en sucre la matière dont il est déjà pourvu.

Culture en pleine terre. — La culture des melons en pleine terre, peu usitée, comme nous l’avons vu, dans le nord de la France, n’est en somme qu’une simplification du mode de culture qu’on vient de décrire. Les plants, élevés de même sur couche, sont repiqués en ligne dans des trous contenant une bonne fourchée de fumier et rechargés de terre douce ou de terreau. Pendant les premiers jours, on les abrite au moyen de cloches, ou, dans quelques localités, de papier ou linges huilés soutenus par de minces baguettes pliées en arceaux. Dès que la température devient tout à fait chaude, ces abris artificiels sont enlevés, et la culture se continue à ciel ouvert.

Il n’est pas nécessaire, pour cueillir les melons, d’attendre qu’ils soient complètement mûrs ; pris quelques jours avant leur complète maturité et conservés dans un endroit sain, ils achèvent de s’y faire plus ou moins vite, selon que la température en est plus ou moins élevée. Il n’est pas toujours facile de reconnaître le moment précis de la maturité d’un melon, les caractères qui l’indiquent varient avec les espèces et sont parfois assez peu apparents. Dans un grand nombre de variétés, quand la maturité est proche, le pédoncule se cerne, c’est-à-dire qu’il se produit à l’entour des crevasses souvent profondes comme si le fruit allait se détacher de la plante. Dans presque tous les melons, la maturité est annoncée également par l’amollissement de la partie qui avoisine l’œil ; au lieu de rester dure, elle commence à céder à la pression et à fléchir sous le doigt. Le changement de couleur du fruit, qui tourne plus ou moins franchement au jaune, est aussi un indice de maturité : quand cette décoloration commence à être apparente, on dit que le melon est frappé, et l’on peut le cueillir, sauf à le garder encore quelques jours au fruitier. Enfin, le parfum que les melons exhalent presque à partir du moment où ils ont atteint tout leur volume devient plus fort et plus pénétrant quand la maturité s’approche. C’est, suivant les variétés, tantôt l’un ou tantôt l’autre de ces caractères qui doit guider dans le choix du moment où les fruits peuvent être cueillis.

Usage. — Les fruits se mangent crus ; quelques variétés à chair blanche ou verte se confisent dans le Midi, ou servent à faire des confitures. Les jeunes fruits que l’on supprime verts peuvent se manger comme les jeunes courges ou les jeunes concombres, ou bien se confire au vinaigre comme les cornichons.

Il y a un grand nombre de systèmes de classification des melons ; nous suivrons le plus simple et le plus usuel : celui qui divise les melons en melons brodés d’une part, et melons galeux ou cantaloups d’autre part.