Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/26

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avouer. Le forçat vient de faire devant le jeune poète le portrait de son amie : beauté physique, puissance des facultés intellectuelles, générosité de caractère : Oui, elle a « tout, hormis l’amour ! », s’écrie Sténio. « Trenmor, vous qui connaissez Lélia, dites-moi si elle a connu l’amour ? Eh bien, si cela n’est pas, Lélia n’est pas un être complet… Cette étincelle divine, ce reflet du Très-Haut… sans lequel la beauté n’est qu’une image privée d’animation, l’amour ! Lélia ne l’a pas ! Qu’est-ce donc que Lélia ? Une ombre, un rêve, une idée tout au plus. Allez, où il n’y a pas d’amour, il n’y a pas de femme. »[1].

Sténio, par sa jeunesse, son ingénuité, sa candeur, son enthousiasme, a charmé Lélia, elle l’aime et vient de le déclarer à son confident le forçat : « Vous aimez Sténio ! Cela n’est pas et ne peut pas être… Encore une fois laissez l’enfant croître et vivre… Ne jetez pas votre haleine glacée sur ses belles journées

  1. Lélia, I, 57-58.