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Page:Vinet - Études sur Blaise Pascal, 1848.djvu/14

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du plan attribué à pascal

matériaux épars ; on a quelquefois peut-être deviné le secret de l’écrivain ; il serait possible que dans certains cas on eût pris son intention à contresens. On peut quelquefois se demander, en parcourant ces débris, si tel passage avait bien le but qu’on lui suppose, ou s’il n’en avait pas un tout contraire ; la mort est muette, elle ne répond point ; elle ne répondra jamais. Qui sait si quelquefois ce que nous prenons pour la pensée de Pascal n’est point la pensée de son adversaire, une objection, un défi auquel le grand penseur se proposait de faire honneur quand il en aurait le loisir ? Qui sait si nous ne lui prêtons point quelques-unes des opinions de ceux qu’il se préparait à réfuter ? Et même lorsque nous sommes certains d’avoir sa pensée, sommes-nous également certains de l’avoir dans son vrai point de vue, dans sa vraie direction ? savons-nous d’où elle venait, où elle devait aller ? Telles sont les questions que doit se faire, en parcourant les Pensées de Pascal, un lecteur non prévenu. Il doit convenir aussi que, dans bien des endroits, la négligence d’une rédaction qui n’était point définitive, et qui n’offre même que la grossière ébauche, le vague contour de la pensée de l’auteur, jette sur le fond des choses une assez grande obscurité. Mais il y aurait, malgré tout cela, de l’exagération à ne pas avouer que les Pensées, disposées par des mains industrieuses, offrent, sinon un ensemble régulier, du moins, chacune en soi, un sens généralement clair, et laissent entrevoir les grandes