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Page:Vinet - Études sur Blaise Pascal, 1848.djvu/15

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dans le livre des pensées.

lignes d’un plan majestueux dont la mort seule pouvait empêcher l’accomplissement.

Parmi les Pensées de Pascal, un certain nombre, surtout dans le premier volume, n’entraient point dans le plan dont nous parlons ; elles appartiennent même à des sujets si éloignés de son principal dessein, qu’il faut probablement les rapporter à une date beaucoup plus reculée dans sa vie. Telles sont ses réflexions sur l’autorité en matière de philosophie, sur l’art de persuader, sur la géométrie, et quelques pensées encore sur la philosophie et la littérature. Mais, ces différents morceaux exceptés, il est dans ce recueil bien peu de pages qu’on ne doive considérer comme des matériaux tenus en réserve pour le monument que préparait Pascal. Ce monument, à la construction duquel il avait, plusieurs années avant sa mort, dévoué tout ce qui lui restait de forces et de vie, devait être une apologie générale et aussi complète que possible de la religion chrétienne. Les fragments qu’il nous a laissés manifestent ce dessein assez clairement, sans révéler aussi bien la méthode que l’auteur s’était prescrite, ni l’étendue du terrain que son œuvre devait couvrir. Mais nous avons, sur ce sujet, un document précieux dans la préface qu’un ami intime de Pascal a mise à la tête de la première édition de ses Pensées. Nous y apprenons que, douze ans environ avant sa mort, ce grand penseur développa de vive voix, à ses amis rassemblés, tout le dessein qu’il avait formé et la marche qu’il se proposait de suivre. Cette exposi-