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dogmatique, l’enseignement de la chaire voisine sera historique. L’un des cours sera limité à un point très-particulier de la science, tandis que l’autre se répandra sur tout le domaine d’une autre science. Rien ne ressemble moins à un tout ordonné et systématique, dont les parties se tiennent et s’éclairent l’une par l’autre. Cette unité précieuse est ce que j’ai cherché et trouvé, je l’espère ; vous le verrez par le programme. Quatorze cours y décrivent une sorte d’enceinte continue où se déroule, sous forme de récits ou d’analyses, tout le mouvement de la vie et de la pensée contemporaines.

Dans ce mouvement, j’ai donné le premier rang à la politique. Avant d’orner sa vie, il faut vivre. Dans un temps où la stabilité et l’harmonie sociales sont si instamment menacées, l’éducation des citoyens passe la première. J’ai eu soin d’ailleurs de cantonner la politique dans les cours intérieurs, qui n’ont pas d’autres auditeurs que les élèves inscrits. Tacite dit qu’Auguste pacifia l’éloquence en la reléguant dans l’ombre des écoles. Par le même moyen, — mais à meilleure intention, — j’ai entendu pacifier, épurer, élever l’enseignement de la politique. Les déclamations et les allusions n’ont pas de prise sur un public studieux. J’ai écarté tout autre public et principalement ces auditeurs de hasard qui apportent autour des chaires les mêmes dispositions qu’au théâtre.

Il ne me reste, mon cher ami, qu’à prévenir une objection grave. Le cadre de l’enseignement, vous l’avez vu, est immense. La période scolaire, vous allez le voir, n’est que d’une année. L’instruction ne pourra donc