Aller au contenu

Page:Vingtrinier — Histoire de l’Imprimerie à Lyon, 1894.pdf/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Minerve un jour naquit, tout armée, de la cuisse de Jupiter, l’imprimerie s’est révélée aussi au monde, instantanément, tout à coup, avec tous ses moyens, ses machines et ses procédés ; improvisant les in-folios, en grec et en latin ; même la Bible polyglotte, en hébreu, chaldéen, grec et latin, parue en Espagne, en 1510, dans la petite ville d’Alcala, loin de Mayence et de Strasbourg ; comme si les ouvriers castillans avaient eux-mêmes deviné l’imprimerie, et que leurs petits apprentis eussent appris en naissant, dès le sein de leurs nourrices, les langues orientales, apanage, croyait-on, de quelques peuples spéciaux ou de ces ardents érudits qui veulent tout savoir et passent leur vie à creuser tous les mystères de l’antiquité.

Quand un navire audacieux aura doublé le pôle et relevé la position exacte où passe l’axe de la terre, les Esquimaux seront-ils bien venus à croire, à penser et à dire que tel jour, à telle heure consignée dans leurs annales, un peuple a inventé un navire, sans mâts, ni voiles, ni cordages, glissant à fleur d’eau comme une baleine dont il avait la vitesse et l’immensité, avec lequel des hommes, étaient-ce bien des hommes, sont venus les visiter ? C’était vrai ; ils l’ont vu.

Les pauvres Esquimaux agiraient comme des enfants. Il y loin du premier arbre creusé par un sauvage, à ce cuirassé de haut-bord qui porte le pavillon de la France ou de l’Angleterre ; loin du petit radeau qui descend la rivière, à ce torpilleur invulnérable, invisible, qui plonge à volonté, glisse sous les flots et recèle dans ses flancs étroits une force capable de détruire des flottes ou des villes entières, comme si un volcan avait passé par là.

Que de siècles ont fui ! Que de tâtonnements, que d’essais ont été faits depuis la première rame enlevée brutalement a