Page:Viollet-le-Duc, Histoire d une maison, 1873.djvu/20

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nous sommes pressés, nous n’avons guère le choix ; nous ne pouvons songer à élever la maison en pierres de taille du bas en haut : cela serait trop long et trop cher. Il faut nous en tenir à une construction simple et d’une exécution rapide. Cela entre-t-il dans vos idées ? Vous placez sur votre façade des colonnes ; pour quoi faire ? Si elles forment portique, celui-ci rendra les appartements tristes et sombres ; si elles sont engagées, elles ne servent à rien ici. Et cette balustrade posée sur les corniches supérieures, que fait-elle là ? Est-ce que vous comptez que madame votre sœur se promènera dans les chêneaux ? Cela est bon pour les chats… Et, dites-moi ? sur ce plan je vois que du vestibule il faut passer par la salle à manger pour aller au salon. Mais si, pendant qu’on est à table, il arrive des visites, il faudra donc les prier d’attendre à la porte ou les inviter à regarder manger les hôtes… Bon ! la cuisine s’ouvre sur le billard. Allons, il nous faut étudier cela plus à fond ; voulez-vous que nous nous y mettions ? À nous deux, la besogne ira peut-être plus vite, et vous me donnerez de bonnes idées ; car mieux que moi, vous connaissez les goûts et les habitudes de votre sœur aînée. Vous pourrez ainsi suppléer au laconisme du programme qui nous est donné. Pensez-y, et demain matin de bonne heure nous procéderons à la rédaction du projet. »