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L’INAUGURATION DE LA MAISON.

«Je m’en doutais, » dit Mme Marie, en embrassant sa mère et M. de Gandelau. « Ainsi donc, pendant vos angoisses de l’an dernier, vous pensiez à nous, à ce point de réaliser ce projet de maison que j’avais cru n’être qu’une idée en l’air ? Et Paul !

— Paul, reprit M. de Gandelau, Paul a travaillé, et a pris sa bonne part dans la réussite du projet. Si jamais il devient un architecte distingué, tu en auras été la cause première.

— Et vous, mon ami, dit Mme de Gandelau à son gendre, qui lui baisait tendrement la main, vous ne dites rien !

— M. de Gandelau m’en avait écrit, et j’étais dans le secret ; Marie peut vous dire si je l’ai bien gardé !

— Ainsi nous étions trahis, mon pauvre Paul ! s’écria Mme de Gandelau.

— M. de Gandelau voulait savoir si un établissement dans cette terre ne dérangerait pas nos projets d’avenir. Je lui répondis qu’au contraire il les devançait, et que la seule cause qui m’eût empêché d’entreprendre ici la construction d’une maison après notre mariage, était la crainte de vous affliger et de vous faire supposer que peut-être nous n’attachions pas à votre hospitalité maternelle le prix que vous savez lui donner. Marie désire résider ici une grande partie de l’année ; elle est aimée et connue dans ce pays où elle est née ; rien ne pouvait lui être plus agréable que de suivre votre exemple, près de vous, presque sous vos yeux, sans vous causer les embarras d’une installation permanente dans la maison que vous habitez. Je n’avais pas besoin de la consulter, car je savais que vous réalisiez un rêve qu’elle caressait, sans trop espérer sa réalisation prochaine.

— Tout est donc pour le mieux, » reprit Mme de Gandelau, en regardant son mari, car elle se rappelait ce qu’il lui avait dit un soir, deux ans auparavant.

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