Page:Viollet-le-Duc, Histoire d une maison, 1873.djvu/295

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La famille fut accueillie devant le perron de la nouvelle maison par des vivats. Avant d’entrer, on en fit le tour ; et se trouvant en face du groupe des entrepreneurs et chefs ouvriers, Paul les présenta à sa sœur en disant que c’était grâce à leur zèle et au désir de la voir bientôt dans le pays, que cette construction avait dû d’être terminée en moins de deux ans. Le compliment de Paul, assez bien tourné, et surtout les façons gracieuses de sa sœur, qui s’enquit près de chacun d’eux de ce qu’ils avaient fait, de leurs familles, et leur exprima le désir qu’elle avait de les employer souvent, lui gagna le cœur de ces braves gens qui, la plupart, l’avaient vue toute petite.

Mme Marie voulut tout visiter. Ce furent des explosions de joie à chaque pas, et Paul fut bien embrassé vingt fois par sa cliente. M. N… s’était emparé du grand cousin, qui, cela va sans dire, fut chaudement félicité.

À chaque instant, M. Durosay ne manquait pas d’exprimer son admiration et répétait sans cesse : « C’est un charmant manoir seigneurial !

— Mais, dit enfin Mme Marie en se tournant brusquement de son côté, pourquoi, cher monsieur, appelez-vous cela un manoir, et seigneurial ? Je n’ai pas de vassaux, et je n’ai pas envie d’en posséder. Dites donc que c’est une maison, faite pour moi par ceux qui m’aiment, et qui sera toujours ouverte à nos amis, toujours accessible à ceux qui auront besoin de nous. »

On dit que Paul est plus que jamais décidé à embrasser la carrière de l’architecture.


FIN