Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 1.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[arc]
— 141 —

royal n’y pénètre pas, ou du moins elle n’y produit que de tristes imitations qui semblent dépaysées au milieu de ces contrées. En Bretagne elle ne se développe que tardivement, et conserve toujours un caractère qui tient autant à l’Angleterre qu’à la Normandie et au Maine. Nous donnons ici (fig. 2) les divisions de la France à la mort de Philippe Auguste, en 1223.

Ce mouvement est suivi partout, dans les constructions qui s’élèvent dans les villes, les bourgs et les simples villages ; les établissements monastiques sont entraînés bientôt dans le courant creusé par le nouvel art. Autour des monuments importants tels que les cathédrales, les évêchés, les palais, les châteaux, il s’élève des milliers d’édifices auxquels les grandes et riches constructions servent de types, comme des enfants d’une même famille. Le monument mère renferme-t-il des dispositions particulières commandées quelquefois par une configuration exceptionnelle du sol, par un besoin local, ou par le goût de l’artiste qui l’a élevé, ces mêmes dispositions se retrouvent dans les édifices secondaires, bien qu’elles ne soient pas indiquées par la nécessité. Un accident pendant la construction, un repentir, l’insuffisance des ressources, ont apporté des modifications dans le projet type, les imitations vont parfois jusqu’à reproduire ces défauts, ces erreurs, ou les pauvretés résultant de cette pénurie.

Ce qu’il y a de plus frappant dans le nouveau système d’architecture adopté dès la fin du XIIe siècle, c’est qu’il s’affranchit complètement des traditions romaines. Il ne faut pas croire que de cet affranchissement résulte le désordre ou le caprice ; au contraire tout est ordonné, logique, harmo-