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Il est certain que les effets qui se manifestèrent dans la nef de Vézelay durent surprendre les constructeurs qui croyaient avoir paré à l’écartement des grandes voûtes d’arêtes, non-seulement par l’établissement des contre-forts extérieurs, mais bien plus sûrement encore par la pose de tirants en fer qui venaient s’accrocher au-dessus des chapiteaux, à la naissance des arcs-doubleaux, à de forts gonds chevillés sur des longrines en bois placées en long dans l’épaisseur des murs (voy. Chaînage, Construction, Tirant). Ces tirants qui remplissaient la fonction d’une corde à la base de l’arc-doubleau, cassèrent ou brisèrent leurs gonds ; car à cette époque les fers d’une grande longueur devaient être fort inégaux et mal forgés.


Mais cette expérience ne fut point perdue. Dans cette même église de Vézelay, vers 1160, on bâtit un porche fermé, véritable narthex ou antéglise, conformément à l’usage alors adopté par la règle de Cluny (voy. Architecture Monastique) ; et ce porche, dans lequel les arcs-doubleaux adoptent la courbe en tiers-point, présente des voûtes d’arêtes avec et sans arcs-ogives, construites très-habilement, et savamment contre-buttées par les voûtes d’arêtes rampantes des galeries supérieures, ainsi que l’indique la coupe transversale de ce porche (fig. 22). Mais ici comme dans les églises d’Auvergne, la nef principale ne reçoit pas de jours directs ; pour trouver ces jours il eût fallu élever la voûte centrale jusqu’au point A ; alors des fenêtres auraient pu être percées au-dessus du comble du triforium dans