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Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 1.djvu/289

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de couleur blanche sans croix ni ornements[1]. Il ne devra point être élevé de tours de pierre ni de bois pour les cloches, d’une hauteur immodérée, et par cela même en désaccord avec la simplicité de l’ordre… Tous les monastères de Cîteaux seront placés sous l’invocation de la sainte Vierge… Des granges ou métairies seront réparties sur le sol possédé par l’abbaye ; leur culture confiée aux frères convers aidés par des valets de ferme… Les animaux domestiques devront être propagés, autant qu’ils ne sont qu’utiles… Les troupeaux de grand et de petit bétail ne s’éloigneront pas à plus d’une journée des granges, lesquelles ne seront pas bâties à moins de deux lieues de Bourgogne l’une de l’autre[2]. »

Nous donnons (7) le plan cavalier de l’abbaye de Cîteaux, tête de l’ordre ; il est facile de voir que les dispositions de ce plan ont été copiées à Clairvaux[3]. O est la première entrée à laquelle on accède par une avenue d’arbres ; une croix signale au voyageur la porte du monastère. Une chapelle D est bâtie à côté de l’entrée. Aussitôt que le frère portier entendait frapper à la porte, il se levait en disant : Deo gratias[4], rendant ainsi grâces à Dieu de ce qu’il arrivait un étranger ; en ouvrant il ne prononçait que cette parole : Benedicite, se mettait à genoux devant lui, puis allait prévenir l’abbé. Quelque graves que fussent ses occupations, l’abbé venait recevoir celui que le ciel lui envoyait ; après s’être prosterné à ses pieds, il le conduisait à l’oratoire : cet usage explique la destination de cette petite chapelle située près de la porte. Après une courte prière, l’abbé confiait son hôte au frère hospitalier, chargé de s’informer de ses besoins, de pourvoir à sa nourriture, à celle de sa monture s’il était à cheval. Une écurie F était à cet effet placée près de la grande porte intérieure E. Les hôtes mangeaient ordinairement avec l’abbé, qui avait pour cela une table séparée de celle des frères. Après les complies, deux frères semainiers, désignés chaque dimanche au chapitre pour cet office, venaient laver les pieds du voyageur.

De la première entrée on accédait dans une cour A, autour de laquelle étaient placées des granges, des écuries, étables, etc., puis un grand bâtiment G, contenant des celliers et le logement des frères convers qui ne se trouvaient pas ainsi dans l’enceinte réservée aux religieux profès. En H était le logement de l’abbé et des hôtes, également au dehors du cloître ; en N l’église, à laquelle les frères convers et les hôtes accédaient par une porte particulière en S. B le grand cloître ; K le réfectoire ; I la cuisine ;

  1. Il existe encore, en effet, dans la grande église abbatiale de Pontigny, des vitraux blancs de l’époque de sa construction, dont les plombs seuls forment des dessins d’un beau style, et comme le ferait un simple trait sur une surface incolore (voy. Vitrail).
  2. Voy. la Notice sur l’abbaye de Pontigny, par le baron Chaillou des Barres, 1844.
  3. Ce plan est extrait de la topogr. de la France. Bibl. imp. Estamp. Ces bâtiments furent complétement altérés au commencement du dernier siècle.
  4. Paris. Espr. primit. de Cît., sect 10 et 11 : De l’off. du portier. Hist. de l’abb. de Morimond, par l’abbé Dubois.