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en détruisant quelques points faibles, comme à Langres, pour les remplacer par des grosses tours rondes ou carrées munies d’artillerie. À la fin du XVe siècle, les ingénieurs paraissent chercher à couvrir les pièces d’artillerie ; ils les disposent au rez-de-chaussée des tours dans des batteries couvertes, réservant les couronnements des tours et courtines pour les archers et arbalétriers ou arquebusiers. Il existe encore un grand nombre de tours qui présentent cette disposition ; sans parler de celle de Langres que nous avons donnée (fig. 49, 50 et 51), mais dont le couronnement détruit ne peut servir d’exemple, voici une tour carrée dépendant de la défense fort ancienne du Puy-Saint-Front de Périgueux, et qui fut reconstruite pour contenir des bouches à feu à rez-de-chaussée[1] destinées à battre la rivière, le rivage et l’une des deux courtines.

Le rez-de-chaussée de cette tour peu étendu (52) est percé de quatre embrasures destinées à de petites pièces d’artillerie, sans compter une meurtrière placée à l’angle saillant du côté opposé à la rivière. Deux canons (que l’on changeait de place suivant les besoins de la défense) pouvaient seulement être logés dans cette batterie basse voûtée par un berceau épais de pierres de taille, et à l’épreuve des projectiles pleins lancés en bombe. Les embrasures des canons (53) sont percées horizontalement, laissant juste le passage du boulet, au-dessus, une fente horizontale permet de pointer et sert d’évent pour la fumée. Un escalier droit conduit au premier étage percé seulement de meurtrières d’arbalètes ou d’arquebuses, et le couronnement est garni de mâchicoulis avec parapet continu sans créneaux, mais percé de trous ronds propres à passer le bout de petites coulevrines ou d’arquebuses à main[2]. C’était là une médiocre défense et il était facile à l’ennemi de se placer de manière à se trouver en dehors de la projection du tir. On reconnut bientôt que ces batteries couvertes établies dans des espaces étroits, et dont les embrasures n’embrassaient qu’un angle aigu, ne pouvaient démonter des batteries de siége

  1. Les courtines voisines datent du XIIIe siècle. C’est à M. Abadie que nous devons le relevé fort exact de cet ouvrage de défense.
  2. Voy. Tour , Meurtrière