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flanquant, au lieu de faire résider leur force dans leur propre construction.

Un nouveau moyen de destruction rapide des remparts était appliqué au commencement du XVIe siècle : après avoir miné le dessous des revêtements des défenses comme on le faisait de temps immémorial, au lieu de les étançonner par des potelets auxquels on mettait le feu, on établissait des fourneaux chargés de poudre à canon, et on faisait sauter ainsi des portions considérables des terrassements et revêtements. Ce terrible expédient déjà pratiqué dans les guerres d’Italie, outre qu’il ouvrait de larges brèches aux assaillants, avait pour effet de démoraliser les garnisons.

Cependant on avisa bientôt au moyen de prévenir ces travaux des assiégeants ; dans les places où les fossés étaient secs on pratiqua derrière les revêtements des remparts des galeries voûtées, qui permettaient aux défenseurs de s’opposer aux placements des fourneaux de mine (73 bis)[1], ou de distance en distance on creusa des puits permanents dans le terre-plein des bastions, pour de là pousser des rameaux de contre-mine au moment du siége, et lorsque l’on était parvenu à reconnaître la direction des galeries des mineurs ennemis, direction qui était indiquée par une observation attentive, au fond de ces puits, du bruit causé par la sape. Quelquefois, encore des galeries de contre-mine furent pratiquées sous le chemin couvert ou sous le glacis, mais il ne paraît guère que ce dernier moyen ait été appliqué d’une manière régulière avant l’adoption du système de la fortification moderne.

Ce ne fut que peu à peu et à la suite de nombreux tâtonnements qu’on put arriver à des formules dans la construction des ouvrages de défenses. Pendant le cours du XVIe siècle on trouve à peu près en germes les divers systèmes adoptés depuis, mais la méthode générale fait défaut ; l’unité du pouvoir monarchique pouvait seule conduire à des résultats définitifs : aussi est-il curieux d’observer comme l’art de la fortification appliqué à l’artillerie à

  1. Della fortif. delle città di M. Girol. Maggi, e del cap. Jacom. Castriotto ingeniero del christ°. re di Francia, 1583.