Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 1.djvu/469

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[arc]
— 450 —

feu suit pas à pas les progrès de la prépondérance royale sur le pouvoir féodal. Ce n’est qu’au commencement du XVIIe siècle, après les guerres religieuses sous Henri IV et Louis XIII, que les travaux de fortification des places sont tracés d’après des lois fixes, basées sur une longue observation ; qu’ils abandonnent définitivement les derniers restes des anciennes traditions pour adopter des formules établies sur des calculs nouveaux. Dès lors les ingénieurs ne cessèrent de chercher la solution de ce problème : Voir l’assiégeant sans être vu, en se ménageant des feux croisés et défilés. Cette solution exacte rendrait une place parfaite et imprenable ; elle est, nous le croyons du moins, encore à trouver. Nous ne pourrions, sans entrer dans de longs détails qui sortiraient de notre sujet, décrire les tentatives qui furent faites depuis le commencement du XVIIe siècle pour conduire l’art de la fortification au point où l’a laissé Vauban. Nous donnerons seulement, pour faire entrevoir les nouveaux principes sur lesquels les ingénieurs modernes allaient établir leurs systèmes, la première figure du Traité du chevalier De Ville[1]. « L’exagône, dit cet auteur, est la première figure qu’on peut fortifier, le bastion demeurant angle droit ; c’est pourquoi nous commencerons par celle-là, de laquelle ayant donné la méthode, on s’en servira en même façon pour toutes les autres figures régulières… (74).

On construira premièrement une figure régulière, c’est-à-dire, ayant les costez et les angles égaux ; d’autant de costés qu’on voudra que la figure ait des bastions… Dans cette figure nous avons mis la moitié

  1. Les fortifications du chevalier Antoine De Ville. 1640. Chap. VIII.