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Pendant le XIVe siècle, les astragales s’amaigrissent, leurs profils deviennent moins accentués (11).

Au XVe siècle, ils prennent au contraire de la lourdeur et de la sécheresse, comme tous les profils de cette époque ; ils ont une forte saillie qui contraste avec l’excessive maigreur des colonnettes ou prismes verticaux (12). Il n’est pas besoin d’ajouter qu’au moment de la renaissance l’astragale romain reparaît avec les imitations des ordres de l’antiquité.

ATTRIBUTS, s. m. p. Ce sont les objets empruntés à l’ordre matériel, qui accompagnent certaines figures sculptées ou peintes pour les faire reconnaître, ou que l’on introduit dans la décoration des édifices, afin d’accuser leur destination, quelquefois aussi le motif qui les a fait élever, de rappeler certains événements, le souvenir des personnages qui ont contribué à leur exécution, des saints auxquels ils sont dédiés. L’antiquité grecque et romaine a prodigué les attributs dans ses monuments sacrés ou profanes. Le moyen âge, jusqu’à l’époque de la renaissance, s’est montré au contraire avare de ce genre de décoration. Les personnages divins, les apôtres, les saints ne sont que rarement accompagnés d’attributs jusque vers le milieu du XIIIe siècle (voy. Apôtre), ou du moins ces attributs n’ont pas un caractère particulier à chaque personnage ; ainsi les prophètes portent généralement des phylactères ; Notre-Seigneur, les apôtres, des rouleaux ou des livres[1] ; les martyrs, des palmes. La sainte Vierge est un des personnages sacrés que l’on voit le plus anciennement accompagné d’attributs (voy. Vierge sainte). Mais les figures qui accompagnent la divinité ou les saints personnages, les vertus et les vices, sont plutôt des symboles que des attributs

  1. «… Et remarque, dit Guillaume Durand, que les patriarches et les prophètes sont peints avec des rouleaux dans leurs mains, et certains apôtres avec des livres, et certains autres avec des rouleaux. Sans doute parce qu’avant la venue du Christ la foi se montrait d’une manière figurative, et qu’elle était enveloppée de beaucoup d’obscurités au-dedans d’elle-même. C’est pour exprimer cela que les patriarches et les prophètes sont peints avec des rouleaux, par lesquels est désignée en quelque sorte une connaissance imparfaite ; mais, comme les apôtres ont été parfaitement instruits par le Christ, voilà pourquoi ils peuvent se servir des livres par lesquels est désignée convenablement la connaissance parfaite. Or, comme certain d’entre eux ont rédigé ce qu’ils ont appris pour le faire servir à l’enseignement des autres, voilà pourquoi ils sont dépeints convenablement, ainsi que des docteurs, avec des livres dans leurs mains, comme Paul, Pierre, Jacques et Jude. Mais les autres, n’ayant rien écrit de stable ou d’approuvé par l’Église, sont représentés non avec des livres, mais avec des rouleaux, en signe de leur prédication… On représente, ajoute-t-il plus loin, les confesseurs avec leurs attributs ; les évêques mitrés, les abbés encapuchonnés, et parfois avec des lis qui désignent la chasteté ; les docteurs avec des livres dans leurs mains, et les vierges (d’après l’Évangile) avec des lampes… » Guillaume Durand. Rational. trad. par M. C. Barthélemy. Paris, 1854 ; chap. III.