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chaque pile, grosse ou fine, porte arcs doubleaux et arcs ogives (voy. fig. 7) ; seulement les arcs doubleaux des grosses piles sont plus épais que ceux posés sur les piles intermédiaires. Il y a lieu de croire que ces voûtes de la nef furent en partie refaites après l’incendie de 1238, les gros arcs doubleaux seuls auraient été conservés ; et, au lieu de refaire ces voûtes ainsi qu’elles avaient existé, c’est-à-dire avec arcs ogives portant seulement sur les grosses piles, on aurait suivi alors la méthode adoptée partout. Si nous examinons les profils de ces arcs ogives et des arcs doubleaux portant sur les piles intermédiaires, nous voyons qu’en effet ces profils ne paraissent pas appartenir à la fin du XIIe siècle. Les voûtes du chœur et des chapelles absidales seules sont certainement de la construction primitive ; leurs nervures sont ornées de perles, de rosettes très-délicates, comme les arcs des voûtes de la partie antérieure de l’église de Saint-Denis. Quoi qu’il en soit, la cathédrale de Noyon était complètement terminée à la fin du XIIe siècle, et, sauf quelques adjonctions et restaurations faites après l’incendie de 1293 et après les guerres du XVIe siècle, elle est parvenue jusqu’à nous à peu près dans sa forme première.

À Noyon, comme à la cathédrale de Paris, et comme dans l’église de Saint-Denis construite par Suger, les collatéraux sont surmontés d’une galerie voûtée au premier étage[1]. En examinant la coupe du chœur, on voit que l’arcature qui surmonte la galerie du premier étage n’est qu’un faux triforium, simple décoration plaquée sur le mur qui est élevé dans la hauteur du comble en appentis recouvrant les voûtes du premier étage. Dans la nef, cette arcature est isolée ; c’est un véritable triforium comme à la cathédrale de Soissons dans le croisillon sud (voy. Architecture Religieuse, fig. 31). Une belle salle capitulaire et un cloître du XIIIe siècle accompagnent, du côté nord, la nef de la cathédrale de Noyon (voy. Cloître, Salle capitulaire). Deux grosses tours, fort défigurées par des restaurations successives, et dont les flèches primitives ont été remplacées, si jamais elles ont été faites, par des combles en charpente, sont élevées sur la façade. Quant au porche, il date du commencement du XIVe siècle ; mais cette partie de l’édifice n’offre aucun intérêt.

Il est une cathédrale qui remplit exactement les conditions imposées aux reconstructions de ces grands édifices à la fin du XIIe siècle et au commencement du XIIIe, c’est celle de Laon. On a voulu voir, dans la cathédrale actuelle de Laon, celle qui fut reconstruite ou réparée après les désastres qui signalèrent, en 1112, l’établissement de la commune. Cela n’est pas admissible ; le monument est là, qui, mieux que tous les textes, donne la date précise de sa reconstruction, et nous n’avons pas besoin de revenir

  1. Voyez la Monog. de l’égl. N.-D. de Noyon, par M. L. Vitet, et l’atlas de planches, par M. D. Ramée ; 1845.