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côtés ; peu après, c’est-à-dire vers le milieu du XIVe siècle, des chapelles vinrent encore s’ajouter à cette nef. La façade ne fut commencée qu’au XVIe siècle et resta inachevée. Ces constructions des XIVe et XVIe siècles sont solidement fondées et savamment combinées[1].

Le chœur de la cathédrale de Troyes présente quelques particularités que nous devons signaler (fig. 25). Si la chapelle de la Vierge (dans l’axe de l’abside) n’est pas aussi profonde qu’à Amiens, cependant elle se distingue des quatre autres chapelles absidales ; elle possède deux travées en avant du rond-point au lieu d’une seule. Du côté du nord, deux chapelles plus petites s’ouvrent à l’extrémité des bas-côtés, avant les chapelles absidales ; l’une des deux est ouverte dans le second collatéral. Au sud, est une sacristie et un double bas-côté terminé par une sorte d’abside peu prononcée. La grande voûte n’est pas tracée comme le sont celles d’Amiens et de Beauvais. Le centre du rond-point est posé sur le dernier arc doubleau, et la poussée des arcs arêtiers est contrebuttée par deux demi-arcs ogives franchissant la largeur de la dernière travée. Enfin, si le chœur de la cathédrale de Troyes est champenois, bâti à une époque où cette province n’était pas encore réunie à la France, il appartient, comme architecture, au domaine royal. Sa construction fut certainement confiée à l’un de ces maîtres des œuvres appartenant à l’école des Thomas de Cormont, des architectes qui rebâtirent, au XIIIe siècle, le haut chœur de l’église abbatiale de Saint-Denis[2], qui élevèrent le chœur de la cathédrale de Tours, dont nous présentons ici le plan (26). Comparativement aux plans que nous avons donnés jusqu’à présent, celui de la cathédrale de Tours est petit[3] ; mais les constructions sont excellentes. Le triforium est à claire-voie comme ceux de Troyes et d’Amiens.

Tours était cependant une ville très-importante au XIIIe siècle ; mais nous ne trouvons plus dans les populations des bords de la Loire cet esprit hardi, téméraire des populations de l’Île de France, de Champagne et de Picardie. Plus sages, plus mesurés, les riverains de la Loire n’exécutent leurs monuments que dans les limites de leurs ressources. La cathédrale de Tours, dans ses dimensions restreintes, en est un exemple remarquable.

Ce charmant édifice est exécuté avec un soin tout particulier ; on n’y voit, dans aucune de ses parties, de ces négligences si fréquentes dans nos

  1. En 1845, il fallut rebâtir le pignon du transsept sud qui s’était écroulé en partie ; déjà, au XVe siècle, on avait consolidé celui du nord. En 1849, il fallut étayer les voûtes du chœur, et, depuis cette époque, des travaux de reprise en sous-œuvre des fondations ont été exécutés avec une grande adresse ; les chapelles furent restaurées, et on reconstruit aujourd’hui toute la partie supérieure du sanctuaire.
  2. Le haut chœur de l’église abbatiale de Saint-Denis a la plus grande analogie avec le chœur de la cathédrale de Troyes.
  3. Le chœur seul de cet édifice date du XIIIe siècle (première moitié). La nef appartient, ainsi que les chapelles, aux siècles suivants ; la façade ne fut élevée qu’au commencement du XVIe siècle.