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s’en faut, reconstruit leurs cathédrales pendant les XIIe, XIIIe et XIVe siècles ; ceux dont l’œuvre de reconstruction n’avait été commencée que tardivement ne purent, la plupart, la terminer. Les guerres qui, pendant la dernière moitié du XIVe siècle et le commencement du XVe, ensanglantèrent le sol français, ne permirent pas de continuer ces monuments tardifs. Ce fut seulement à la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe que l’on reprit les travaux. Alors, comme nous l’avons dit en décrivant quelques-uns de ces grands édifices, on fit de nouveaux efforts ; à Troyes, à Auxerre, à Tours, à Évreux, à Rouen, à Beauvais, à Limoges, à Bourges, à Nevers, etc., les évêques et les chapitres consacrèrent des sommes considérables à parfaire des monuments que le refroidissement du zèle des populations et les guerres avaient laissés incomplets. Quelques cathédrales, en bien petit nombre, furent commencées à cette époque. Le XVe siècle vit fonder la cathédrale de Nantes, celles d’Auch, de Montpellier, de Rhodez, de Viviers ; les guerres religieuses du XVIe siècle firent de nouveau suspendre les travaux.

Nous ne devons pas quitter ce sujet sans parler de la cathédrale d’Alby ; monument exceptionnel, tant à cause du principe de sa construction et de ses dispositions particulières, que par la nature des matériaux employés, la brique.

Nous donnons (50) le plan de la cathédrale d’Alby[1]. Déjà nous avons parlé de deux cathédrales du midi de la France qui pouvaient, au besoin, servir de forteresses : Narbonne et Béziers ; ce parti est plus franchement accusé encore dans l’église Sainte-Cécile d’Alby. La tour occidentale est un véritable donjon, sans ouvertures extérieures à rez-de-chaussée. Du côté méridional, une porte fortifiée se reliant à une enceinte défendait l’entrée qui longeait le flanc de la cathédrale et s’élevait au niveau du sol intérieur au moyen d’un large emmarchement. Du côté du nord, des sacristies fortifiées reliaient la cathédrale à l’archevêché, fort bien défendu par d’épaisses murailles et un magnifique donjon.

Sainte-Cécile d’Alby, commencée vers le milieu du XIVe siècle, n’est qu’une salle immense terminée par une abside et complétement entourée de chapelles, polygonales au chevet, carrées dans la nef. Ces chapelles sont prises entre les contreforts qui contrebuttent la grande voûte ; à deux étages, ces chapelles communiquent toutes entre elles, au premier étage, par des portes percées dans les contreforts, et forment ainsi une galerie. Ces chapelles du rez-de-chaussée sont, les unes voûtées en berceau ogival, les autres en arcs d’ogives, irrégulièrement, ainsi que l’indique le plan. Les voûtes du premier étage des chapelles sont toutes en arcs d’ogives. Les contreforts, ou séparation des chapelles, au-dessus du soubassement continu, se dégagent en tourelles flanquantes dont la section horizontale donne un arc de cercle dont la flèche est courte. Des fenêtres étroites et

  1. À l’échelle de 0,001m pour mètre.