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conformer au goût du temps, mais on ne pensait pas à l’agrandir[1] ; tandis qu’à Clermont et à Limoges encore, bien que ces cathédrales ne soient pas d’une grande dimension, on avait cependant beaucoup augmenté, au XIIIe siècle, le périmètre des églises romanes[2]. Si, à la fin du XIIIe siècle, dans le Nord, la puissance qui avait fait élever les cathédrales commençait à s’affaiblir, il est évident que, dans les provinces du Midi, et même dans celles alors réunies à la couronne de France, il n’y avait plus qu’un reste de l’impulsion provoquée par le grand mouvement de la fin du XIIe siècle.

L’évêque Pierre de Roquefort sembla vouloir, du moins, faire de sa petite cathédrale de Saint-Nazaire, si modeste comme étendue, un chef-d’œuvre d’élégance et de richesse. Contrairement à ce que nous voyons à Narbonne, où la sculpture fait complétement défaut, l’ornementation fut prodiguée dans l’église Saint-Nazaire. Les verrières immenses et nombreuses (car ce chevet et ces transsepts sont une véritable lanterne) sont de la plus grande magnificence (voy. Vitrail) comme composition et couleur. Le sanctuaire, décoré des statues des apôtres, était entièrement peint. Les deux chapelles latérales de l’extrémité de la nef, au nord et au sud, ne furent probablement élevées qu’après la mort de Pierre de Rochefort, car elles ne se relient pas aux transsepts comme construction, et dans l’une d’elles, celle du nord, est placé, non pas après coup, le tombeau de cet évêque, l’un des plus gracieux monuments du XIVe siècle que nous connaissions (voy. Tombeau).

Les grands vents du sud-est et de l’ouest qui règnent à Carcassonne avaient fait ouvrir la porte principale au nord de la nef romane ; une autre porte est percée dans le pignon du transsept nord. Le clocher de l’église, qui datait du XIe siècle, s’élevait sur la première travée de la nef et servait de défense, car il dominait la muraille de la cité, qui, alors, passait au raz du mur occidental.

En A est le cloître ; il reliait les bâtiments du chapitre et de l’évêché à l’église. Des deux côtés du sanctuaire, entre les contreforts, sont réservés deux petits sacraires qui ne s’élèvent que jusqu’au-dessous de l’appui des fenêtres. Ces sacraires sont garnis d’armoires doubles fortement ferrées et prises aux dépens du mur. Ils servaient de trésors, car il était d’usage de placer, des deux côtés de l’autel principal des églises abbatiales ou des cathédrales, des armoires destinées à contenir les vases sacrés, les reliquaires et tous les objets précieux. À Saint-Nazaire, on avait habilement profité des dispositions de la construction pour établir d’une manière fixe ces sacraires qui, le plus souvent, n’étaient que des meubles (voy. Autel).

Les diocèses de la France actuelle avaient tous, ou peu

  1. Ce plan est à la même échelle que les autres, 0,001m pour mètre.
  2. La crypte romane de l’église cathédrale de Limoges, qui existe encore et était placée sous le chevet, n’arrive guère qu’au milieu du sanctuaire actuel. Les fondations de la cathédrale romane de Clermont ne dépassent pas la première travée du chœur.