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suite de fortins détachés, possédant des feux de face et de flanc, avec une pente douce du côté de la ville pour amener les pièces et pouvoir les mettre en batteries. Les cavaliers étaient ou semi-circulaires ou carrés. Les plus anciennes représentations de cavaliers se voient figurées sur les bas-reliefs en marbre du commencement du XVIe siècle qui garnissent les parois du tombeau de Maximilien, à Inspruck.

Voici (1) un de ces cavaliers copié sur l’un de ces bas-reliefs représentant la ville d’Arras. Il est en portion de cercle, établi en arrière d’un bastion A possédant un orillon avec deux batteries découvertes C et une batterie casematée au niveau du fond du fossé. Le cavalier B est revêtu et planté à cheval sur la gorge du bastion ; il commande ainsi les dehors, le bastion et les deux courtines voisines. La fig. 2 nous montre un autre cavalier carré fermé sur ses quatre faces, élevé au milieu d’un bastion dont les parapets sont munis de fascines et de gabions. Ce cavalier est également revêtu, percé d’une porte ; ses parapets sont garnis de fascines. Cette seconde figure est copiée sur le bas-relief représentant l’enceinte de la ville de Vérone.

Lorsque l’on éleva, au XVIe siècle, des bastions en avant des anciennes enceintes du moyen âge, on conserva souvent, de distance en distance, les tours les plus fortes de ces enceintes, en détruisant seulement les courtines ; on remplit ces tours de terre, on enleva leurs crénelages, et on établit des plates-formes sur leur sommet pour recevoir une ou plusieurs pièces de canon. Les tours furent ainsi converties en cavaliers. Mais en France, ces dispositions ne furent prises qu’accidentellement et pour profiter d’anciennes défenses, tandis qu’en Allemagne, nous les trouvons, dès le XVIe siècle, érigées en système, ainsi qu’on peut le voir encore