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à Orléans qui passait sous les portes défendues A et B. Des fossés S enveloppaient les défenses extérieures. La route était battue de flanc par un front flanqué de tours et communiquait au château par une porte C (voy. Porte). Une autre porte D, passant à travers une grosse tour isolée (suivant une méthode qui appartient à la Loire, et que nous voyons surtout pratiquée au XIVe siècle dans la basse Loire et la Bretagne par le connétable Olivier de Clisson), était d’un accès très-difficile. Quant aux dispositions intérieures du château, elles sont d’un grand intérêt et indiquent nettement les moyens défensifs des garnisons des châteaux français. Les tours sont très-saillantes sur les courtines, afin de les bien flanquer ; au nord, point saillant, et faible par conséquent, était élevé un gros ouvrage présentant deux murs épais élevés l’un derrière l’autre, éperonnés par un mur de refend flanqué de deux tours d’un diamètre plus fort que les autres. En G était la grand’salle, à deux étages, dans laquelle toute la garnison pouvait être réunie pour recevoir des ordres, et de là se répandre promptement sur tous les points de l’enceinte par un escalier à trois rampes I. La réunion de cet escalier à la grand’salle pouvait être coupée, et la grand’salle servir de retrait si l’enceinte était forcée. La grand’salle est un des traits caractéristiques du château français, ainsi que nous l’avons dit au commencement de cet article. Dans le château normand, la grand’salle est située dans le donjon, ou plutôt le donjon n’est que la grand’salle devenue défense principale. Dans le château français du XIIIe siècle, la grand’salle se distingue du donjon ; c’est le lieu de réunion des hommes d’armes du seigneur franc ; il y a là un dernier souvenir des mœurs du chef germain et de ses compagnons.

Le gros donjon F est au centre de la cour, comme dans le château primitif du moyen âge (fig. 1) ; il est à plusieurs étages, avec une cour circulaire au centre ; il était mis en communication avec la grand’salle, au premier étage, au moyen d’une galerie K, pouvant être de même coupée à son extrémité. Ce donjon commandait toute l’enceinte et ses bâtiments ; mais, n’ayant pas de sortie sur les dehors comme le donjon normand, il n’offrait pas les mêmes avantages pour la défense. La garnison était casernée dans les bâtiments L du côté où l’enceinte était le plus accessible. En O étaient les écuries, la boulangerie, les magasins ; en H la chapelle, et en N un poste à proximité de l’entrée D. Les petits bâtiments qui entouraient le donjon étaient d’une date postérieure à sa

    plusieurs francs-archers pour la garde d’icelles bastilles. Ils se y gouvernèrent tous grandement et sagement ; et tant que au bout de cinq sepmaines, lesdits Anglois se rendirent, et mirent ledit Chasteau Gaillard en l’obéissance du roy… » Il est évident que ce siége n’est qu’un blocus et que les Anglais n’eurent pas à soutenir d’assauts ; le manque de vivres les décida probablement à capituler, car ils sortirent leurs corps et biens saufs ; la garnison se composait de deux cent vingt combattants. Même à cette époque encore, où l’artillerie à feu était en usage, le château Gaillard était une place très-forte.