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château lui-même compose un véritable donjon entouré de fossés larges et profonds. Les dépendances, et probablement des enceintes extérieures, protégeaient cette forteresse, qui était très-bien défendue pour l’époque, puisque, en 1592, les ligueurs s’étant emparés de la place, le maréchal de Matignon dut en faire le siége, qui fut long et opiniâtre, les assiégés ne s’étant rendus qu’après avoir essuyé douze cent soixante coups de canon. Les tours du château de Villandraut ont 27m,00 de hauteur, non compris les couronnements qui sont détruits, sur 11m,00 et 12m,00 de diamètre ; elles commandaient de beaucoup les courtines, dont l’épaisseur est de 2m,70. Ce plan paraît avoir été fréquemment suivi à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, pour les châteaux de plaine d’une médiocre étendue ; toutefois l’importance que l’on attachait à la défense des portes (point vers lequel tendaient tous les efforts de l’assaillant avant l’artillerie à feu) fit que l’on ne se contenta pas seulement des deux tours flanquantes, et qu’on éleva en avant un châtelet isolé au milieu du fossé. C’est ainsi qu’était défendue la porte du château de Marcoucies élevé, sous Charles VI, par Jean de Montaigu. Ces châtelets remplaçaient les anciennes barbacanes des XIIe et XIIIe siècles, qui, le plus souvent, n’étaient que des ouvrages de terre et de bois, et furent remplacés à leur tour, à la fin du XVe siècle, par des boulevards en terre, avec ou sans revêtements, faits pour recevoir du canon.

Sous Philippe le Hardi, Philippe le Bel et Philippe de Valois, les dispositions des châteaux se modifient peu ; la France n’avait pas à lutter contre les invasions étrangères ; elle était forte et puissante ; la noblesse féodale semblait se résigner à laisser prendre à la monarchie une plus grande place dans l’État. Saint Louis n’avait vu qu’un péril pour le trône ; c’était celui qu’il avait eu à combattre dans sa jeunesse : le pouvoir démesuré des grands vassaux. Pendant qu’il cherchait, par de nouvelles institutions, à conjurer à jamais un danger qui avait failli lui faire perdre la couronne de Philippe-Auguste ; qu’il ruinait ses barons, empiétait sur leurs droits et les mettait dans l’impossibilité d’élever des forteresses, il cédait une partie des provinces françaises au roi Henri III d’Angleterre, par des considérations toutes personnelles et dont il est bien difficile aujourd’hui de reconnaître la valeur. Aux yeux de l’histoire, cette concession est une faute grave, peut-être la seule commise par ce prince ; elle eut, cent ans plus tard, des résultats désastreux, et provoqua les longs revers de la France pendant les XIVe et XVe siècles ; elle eut encore pour effet, contrairement aux tendances de celui qui l’avait commise, de prolonger l’existence

    vint en France à la suite de Blanche de Castille, et s’arrêta en Guienne près Bazas, dans le lieu qui a conservé le nom de Villandraut. Un demi-siècle plus tard, l’alliance de la fille ou petite-fille d’André avec un membre de la famille de Goth fit passer cette seigneurie dans cette maison et bientôt dans la possession de celui qui, d’abord archevêque de Bordeaux, ne tarda pas à être élevé dans la chaire de saint Pierre, sous le nom de Clément V. 1306-1316. Comm. des mon. hist. de la Gironde.