Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 3.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[chéneau]
— 223 —

pratiquaient en travers du chenal de petites rainures, particulièrement des deux côtés des joints, ainsi que le fait voir la fig. 4[1],


ou creusaient sur le joint même une rainure qui permettait d’y couler du ciment (5).

Les chéneaux des grands édifices du moyen âge, du XIIIe au XVe siècle, présentent peu de variétés ; le système admis persiste sans différences notables. Il n’en est pas de même des chéneaux des habitations privées ; ceux-ci sont très-variés comme disposition et comme forme. Ils n’apparaissent qu’au XIIIe siècle ; jusqu’alors les eaux pluviales tombaient directement des égouts des toits dans la rue[2]. Deux raisons contribuèrent à faire établir des chéneaux à la base des combles, le besoin de réunir les eaux pluviales dans des citernes (beaucoup de villes étant bâties sur des lieux élevés dépourvus d’eau), et l’incommodité que causait la pluie s’égouttant des combles sur la voie publique. Mais, comme la grande majorité des habitations urbaines était d’une construction fort simple, on ne pouvait faire la dépense d’un chéneau de couronnement en pierre à la chute des combles. Les constructeurs de maisons se contentèrent

  1. C’était ainsi qu’étaient primitivement établis les chéneaux de la Sainte-Chapelle à Paris.
  2. Il n’y a pas plus de vingt-cinq ans qu’à Paris encore les toits de la plupart des maisons étaient dépourvus de chéneaux. Pendant les pluies d’orage, les eaux pluviales formaient comme une nappe d’eau devant les façades, et rendaient la circulation impossible, même avec des parapluies.