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des quatre animaux et d’un livre. Cette sculpture appartient aux dernières années du XIIe siècle et, comme exécution, est d’une grande beauté. Il fallait donc que les types admis par le XIIe siècle fussent réprouvés par le XIIIe, pour que l’on se soit décidé, quelques années après, lorsque le portail principal fut élevé vers 1220, à détruire une sculpture aussi importante, pour y substituer celle que nous voyons aujourd’hui. Du reste, il est bon de remarquer encore ceci, c’est que le Christ du tympan de la porte principale de Notre-Dame de Paris, ainsi que la statue de l’ange tenant les clous et la lance, paraissent, comme exécution, quelque peu postérieurs à toute la statuaire de cette porte, et que ces figures ne sont pas sculptées dans un tympan, mais sont des statues posées les unes à côté des autres sur les linteaux et réunies par un enduit de mortier. Ainsi donc, au XIIIe siècle, il y avait une volonté arrêtée parmi le haut clergé de modifier les types du Christ glorieux consacrés jusqu’alors. Le Christ glorieux ne devait plus être que celui qui apparaîtra le jour du jugement. Nous avons cru devoir nous étendre sur ce fait, qui, pour l’histoire de l’art, nous paraît avoir une grande importance.

Mais pendant que les sculpteurs modifiaient ainsi les traditions byzantines du Christ triomphant, ils devaient en même temps exécuter des statues du Christ-Homme, du Christ sur la terre, enseignant au milieu de ses apôtres. C’est ainsi qu’il est représenté sur les trumeaux des portails de la plupart de nos cathédrales françaises. Ce ne fut guère qu’au XIIIe siècle que cette représentation du Christ fut définitivement adoptée. Alors il est vêtu de la tunique longue et du manteau ; il tient le livre de la main gauche et bénit de la droite ; ses pieds écrasent la tête du dragon et du basilic, images