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Vers la même époque, un autre collège est érigé derrière les Mathurins-Saint-Jacques par Maistre Gervais, médecin de Charles V. En 1365, le cardinal Jean de Dormans, évêque de Beauvais, chancelier de France, élève le collège dit de Dormans. En 1380, Michel de Dainville, chanoine archidiacre de Noyon, conseiller du roi Charles V, fonde le collège de Dainville. La même année, le collège de Cornouailles est fondé par Galeran Nicolas. En 1391, Pierre de Fortet, chanoine de Notre-Dame de Paris, ordonne qu’un collège soit érigé sur ses biens. En 1400, le collège de Tréguier est établi par Guillaume Coëtman, chantre de l’église de Treguier. Ajoutons à cette longue liste de fondations celles des collèges de Reims, de Coquerel, de la Marche, de Sées, de la Merci, du Mans, de Sainte-Barbe, des Jésuites et des Grassins, élevés pendant les XVe et XVIe siècles.

La ville de Paris possédait, en dehors de ces établissements, plusieurs écoles publiques : l’école des Quatre-Nations, rue du Fouare, citée par Pétrarque. En 1109, Guillaume de Champeaux avait fondé une école rue Saint-Victor. En 1182, il existait plusieurs écoles pour les Juifs. En 1187, il y avait à Saint-Thomas-du-Louvre une école pour cent soixante pauvres prêtres. En 1208, Étienne Belot et sa femme donnent un arpent de terre, près le cimetière Saint-Honorat, pour établir le collège des Bons-Enfants. En 1415 est bâtie l’École de droit. En 1472, l’École de médecine est construite rue de la Bucherie. L’École des beaux-arts n’existait pas alors ; les arts plastiques et l’architecture s’enseignaient dans le sein des corporations qui avaient leurs traditions et leur enseignement. De tous ces collèges, plusieurs, à la fin du dernier siècle, conservaient encore quelques-uns de leurs anciens bâtiments. De nos jours, nous avons encore vu, à la place qu’occupe aujourd’hui la bibliothèque Sainte-Geneviève, le collège de Montaigu, qui présentait quelques traces de ses dispositions primitives.

Les collèges élevés pendant les XIIIe et XIVe siècles n’avaient pas les dimensions que l’on a dû donner depuis à ces établissements ; ils ne contenaient qu’un nombre assez restreint de pensionnaires ; c’était des asiles ouverts aux écoliers de province qui obtenaient la faveur d’être envoyés à Paris pour étudier les lettres et les sciences. Mais ils réunissaient dans les classes un personnel assez nombreux d’externes logés au dehors, pour que, dans les temps de troubles, cette population flottante fût un véritable danger pour la ville de Paris. Aussi, pendant le XVIe siècle, la plupart de ces établissements furent-ils augmentés, afin de pouvoir contenir des pensionnaires en plus grand nombre ; mais l’espace manquait dans une ville aussi populeuse, et les bâtiments s’aggloméraient successivement autour du premier noyau sans qu’il fût possible de donner de l’unité à leur réunion. Les collèges de Paris ne purent jamais présenter un ensemble de constructions élevées d’un seul jet, tels que ceux que nous voyons encore à Oxford et à Cambridge en Angleterre. C’est dans ces deux villes qu’il faut aller pour prendre une idée exacte de ce qu’était