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sortes de décorations, qui demandent une certaine liberté dans le tracé des formes empruntées aux végétaux ; on croirait voir une balustrade posée à l’extrémité d’un faîtage.L’époque de la renaissance a produit des crêtes d’un joli dessin ; il en existe encore quelques-unes : celles de la cathédrale de Clermont, de l’église de Saint-Wulfrand d’Abbeville peuvent être citées parmi les plus belles et les plus complètes. Nous possédons dans nos cartons un dessin d’une belle crête de l’époque de la renaissance que nous pensons provenir du château de Blois. Le dessin date du commencement du XVIIe siècle ; nous le reproduisons (9). Il consiste en une suite d’F et de balustres liés par des cordelles ; au-dessus de la bande supérieure horizontale est un couronnement composé de fleurs de lis et d’enroulements ; quatre travées d’F sont comprises entre des pilastres A terminés par une aiguille. Une très-riche bavette sert de soubassement à cette crête et recouvre l’ardoise.

On couronna par des crêtes en plomb les combles en ardoises des édifices publics et ceux des maisons même jusque vers la fin du règne de Louis XIII. À dater du règne de Louis XIV, on évita de donner de l’importance aux combles, on chercha même à les dissimuler ; il n’y avait plus lieu de s’occuper, par conséquent, d’orner ce qu’on prétendait cacher. La plomberie qui couronne le comble de la chapelle de Versailles est une des dernières qui ait été fabriquée avec art. Au commencement du XVIIIe siècle, cette belle industrie de la plomberie repoussée et fondue était perdue, et c’est à peine si, vers la fin du dernier siècle, on savait faire des soudures (voy. Plomberie ).

CROCHET, s. m. Crosse. C’est le nom que l’on donne aujourd’hui à ces ornements terminés par des têtes de feuillages, par des bourgeons enroulés, si souvent employés dans la sculpture monumentale du moyen âge à partir du XIIe siècle. Les crochets se voient dans les frises, dans les chapiteaux, sur les rampants des gâbles ou pignons, dans les gorges des archivoltes entre les colonnettes réunies en faisceaux. Le XIIIe siècle a particulièrement adopté cet ornement ; il s’en est servi avec une adresse rare. Dans l’article Sculpture, nous essayons d’expliquer les origines de la plupart des ornements sculptés de l’architecture du moyen âge ; ici, nous nous contenterons de faire connaître à nos lecteurs les diverses transformations du crochet depuis le moment où il prend place dans la décoration jusqu’au moment où il disparaît entièrement de l’architecture.

Nous trouvons déjà l’embryon du crochet dans la corniche supérieure de la nef de l’église de Vézelay, c’est-à-dire dès les premières années du XIIe siècle (voy. Corniche, fig. 4). Les chapiteaux intérieurs de la nef de la même église nous montrent aussi, à la place de la volute antique, des feuillages retournés sur eux-mêmes qui sont déjà de véritables crochets (voy. Chapiteau, fig. 8). Toutefois, c’est dans l’Île-de-France et sur les bords de l’Oise que le crochet prend une place importante dans l’ornementation dès le milieu du XIIe siècle. Les premiers crochets apparaissant