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verticales ou obliques se reportent sur ce point faible : il s’agit donc de rétablir ces lois d’équilibre, et, pour cela, non-seulement il faut soutenir et reprendre la partie qui souffre, mais il faut reporter ailleurs les pesanteurs excédantes ; autrement, la reprise achevée, l’équilibre serait toujours rompu, et le mal auquel on aurait apporté remède sur un point se produirait bientôt ailleurs.

ÉTANÇON, s. m. Pièce de bois posée verticalement sous une construction pour arrêter un écrasement. L’étançon ne fait que résister dans le sens vertical ; il est généralement court ; lorsqu’il dépasse une longueur de deux à trois mètres, on lui donne le nom de chandelle.

On désignait aussi par étançon, pendant le moyen âge, des potelets verticaux que les mineurs posaient sous les murailles sapées pour les empêcher de s’écrouler sur les ouvriers. Lorsqu’on voulait faire tomber les murs, on mettait le feu aux étançons (voy. Architecture Militaire, Siége).

ÉTAYEMENT, s. m. On écrit aussi étaiement, action d’étayer, ou combinaison d’étais (voy. Étai).

ÉTONNÉ, p. On dit : Ce fer est étonné, cette pierre est étonnée ; ce qui signifie que ce fer a subi un choc, une épreuve qui, n’ayant pas causé une rupture immédiate, ont cependant prédisposé le métal à se rompre facilement ; que la pierre a de même été désagrégée par une action physique, ou fêlée par un choc, et qu’elle se trouve aussi dans de mauvaises conditions de résistance. Un forgeron maladroit peut étonner son fer s’il lui donne un coup de marteau à faux lorsqu’il commence à se refroidir ; un tailleur de pierre peu soigneux étonne son bloc en le taillant, si, par exemple, il fait un évidement sans prendre le temps d’enlever la pierre peu à peu. Il étonne les parements en employant la boucharde, c’est-à-dire qu’il les prédispose à se décomposer plus facilement sous l’action des agents atmosphériques. Les architectes du moyen âge, qui n’étaient pas avares d’évidements, avaient le soin de les profiler de façon à ce que le tailleur de pierre ne fût pas entraîné à étonner la pierre.


Ainsi, par exemple, les sections horizontales des piles composées de faisceaux de