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[fossé]
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il ordonne de creuser en avant deux fossés de quinze pieds, à fond de cuve ; il fait élever un grand nombre de tours à trois étages, réunies par des ponts et des chemins de ronde, dont le front était garni de mantelets d’osier, de telle sorte que l’ennemi fût arrêté par un double fossé et deux rangs de défenseurs : le premier rang sur les chemins de ronde supérieurs d’où, étant plus élevés et mieux abrités, les soldats lançaient des traits plus loin et plus sûrement ; le second rang derrière le parapet plus près de l’ennemi, où il se trouvait protégé contre les traits par la galerie supérieure[1]. »

Les travaux de campagne que les Romains ont exécutés dans les Gaules ont eu, sur l’art de la fortification chez nous, une telle influence jusqu’à une époque très-avancée dans le moyen âge, et les fossés ont été, dans les temps où les armes de jet avaient une faible portée, une partie si importante de l’art de défendre les places, que nous devons arrêter notre attention sur ce curieux passage. Il faut connaître d’abord les lieux décrits ici par César.

L’assiette de son camp, les Commentaires à la main, avait été évidemment choisie sur un plateau situé en face le mont Saint-Marc, plateau désigné, dans les cartes anciennes, sous le nom de Saint-Pierre-en-Chastres[2]. Ce plateau escarpé de tous côtés, offrant à son sommet une large surface horizontale sur laquelle la petite armée que César conduisait avec lui pouvait tenir fort à l’aise, se prêtait merveilleusement au genre de défense qu’il avait adopté ; défense dont on reconnaît d’ailleurs la trace sur les lieux mêmes.

Voici donc (1) le profil de l’ouvrage de circonvallation. Les assaillants ne pouvant arriver au bord du premier fossé A qu’en gravissant une

  1. De Bello Gall., I. VIII, c. IX.
  2. Voy. l’article de M. de Saulcy sur le VIIIe liv. de César. Revue archéologique, 1860.