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Au siège du Château-Gaillard, Philippe-Auguste fit faire un pont sur la Seine, composé de pieux inclinés contre le courant, et sur lesquels on posa un tablier de charpente. Trois grands bateaux, surmontés de hautes tours, défendaient ce pont[1]. Dans sa chronique, Guillaume Guiart parle d’un pont de bateaux jeté sur la Lis et retenu par des cordages :

« A main, ne sai, droite ou esclenche,
Au plus vistement qu’il puet trenche
Les cordes à quoi l’on le hale ;
Li ponz comme foudre dévale ;
Bas descent ce qui iert deseure[2]. »

Au siége de Tarascon, le duc d’Anjou et du Guesclin firent faire un pont de bateaux sur le Rhône.

Froissart raconte comment les Flamands avaient établi un pont de nefs et de clayes sur l’Escaut, devant Audenarde[3].

Philippe de Commines dit comment le comte de Charolais et ses alliés jetèrent un pont de bateaux et de tonneaux sur la Seine, près de Moret.

« Il faisoit (le comte de Charolais) mener sept ou huit petits bateaux sur charrois, et plusieurs pippes, par pièces, en intention de faire un pont sur la rivière de Seine, pour ce que ces seigneurs n’y avoient point de passage[4]. » Plus loin le même auteur décrit ainsi la façon d’un large pont jeté par le comte de Charolais sur la Seine, près de Charenton. « Il fut conclu en un conseil, que l’on feroit un fort grand pont sus grands bateaux : et couperoit-on l’estroit du bateau, et ne s’asserroit le bois que sur le large : et au dernier couplet y auroit de grandes ancres pour jeter en terre… et fut le pont achevé, amené et dressé, sauf le dernier couplet, qui tournoit de costé, prest à dresser, et tous les bateaux arrivés[5]… » C’était là un pont de bateaux avec partie mobile, que le courant faisait dévaler au besoin, sur la rive occupée par l’ennemi.

Quand le duc de Bourgogne attaqua les Gaulois, en 1452, il fit établir un pont flottant sur l’Escaut, devant Termonde ; il fit mander « ouvriers de toutes pars pour faire un pont sur tonneaux, à cordes et à planches ; et, pour deffendre ledict pont, fit, outre l’eaue, faire un gros bolovart de bois et de terre[6]……… »

Dans son Histoire du roy Charles VII, Alain Chartier rapporte qu’un parti de Français et d’Écossais, près de la Flèche, fit sur la Loire un pont

  1. Guillaume le Breton, la Philippide, chant VIIe.
  2. Branche des royaux lignages, vers 4 883 et suiv.
  3. Chronique de Froissart, livre II, chap. lviii et chap. clxx.
  4. Mém. de Ph. de Commines, liv. I, chap. vi.
  5. Ibid., liv. I, chap. x.
  6. Mém. d’Olivier de la Marche, liv. I, chap. xxv.