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mais les eussent-ils fait venir, qu’il serait impossible toutefois de ne point considérer les constructions du palais des papes d’Avignon comme appartenant à l’architecture des provinces méridionales de la France. Nous insistons sur ce point, parce que c’est un préjugé communément établi que le palais des papes est une de ces constructions grandioses appartenant aux arts de l’Italie. À cette époque, au XIVe siècle, le goût de l’architecture italienne flotte indécis entre les traditions antiques et les influences de France et d’Allemagne, et ce n’est pas par la grandeur et la franchise qu’il se distingue. Les papes établis en France, possesseurs d’un riche comtat, réunissant des ressources considérables, vivant relativement dans un état de paix profonde, sortis tous de ces diocèses du Midi, alors si riches en monuments, ont fait à Avignon une œuvre absolument française, bien supérieure comme conception d’ensemble, comme grandeur et comme goût, à ce qu’alors on élevait en Italie. Examinons maintenant ce vaste édifice dans toutes ses parties. Nous devons prendre le palais des papes à Avignon tel qu’il existait à la fin du XIVe siècle, c’est-à-dire après les constructions successives faites depuis Clément V jusqu’à Grégoire XI, car il serait difficile de donner les transformations des divers services qui le composent, et de montrer, par exemple, le palais bâti par Jean XXII. Ces immenses bâtiments s’élèvent sur la déclivité méridionale du rocher des Doms, à l’opposite du Rhône ; de telle sorte que le rez-de-chaussée de la partie voisine de l’église Notre-Dame, qui est la plus ancienne, se trouve au niveau du premier étage de la partie des bâtiments élevés en dernier lieu, du côté sud, par Urbain V. Si donc nous traçons le plan du rez-de-chaussée du palais des papes, vers sa partie inférieure, nous tombons en pleine roche, en nous avançant vers le nord (fig.14).

L’entrée d’honneur A s’ouvre sur une esplanade dominant tous les alentours, et autrefois divisée en plusieurs bailles, avec courtines, tour et portes. Cette entrée A est défendue par deux herses, des vantaux et un double mâchicoulis. En avant, donnant sur l’esplanade, l’ouvrage avancé fut remplacé au XVIIe siècle par un mur de contre-garde crénelé. Sous le vestibule d’entrée, à droite, est la porte s’ouvrant dans un vaste corps de garde B, voûté. De la cour d’honneur C on peut se diriger sur tous les points du palais. Du vestibule D on monte aux étages supérieurs par un large et bel escalier à deux rampes, ou bien on entre dans la grande salle basse E et son annexe F, ou, encore dans la salle G. Par le passage H, on descend à l’esplanade orientale I, où l’on pénètre dans les salles K, sous la grosse tour L et son annexe l. Par le petit passage O détourné, on s’introduit dans la grande salle M, laquelle servait de poste et communiquait aux défenses supérieures par un escalier P. En R, est une poterne défendue par un mâchicoulis intérieur, une herse et des vantaux. En S, est une seconde poterne défendue par des mâchicoulis et une herse ; en T, un degré qui monte au rez-de-chaussée de la partie du palais bâtie sur le rocher à un niveau plus élevé que le sol de la cour d’honneur. La partie