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[portique]
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édifices civils de la fin du XIVe siècle ou du commencement du XVe, soit dans des vignettes de manuscrits, des peintures et des bas-reliefs. On voit ici que la porte proprement dite, la baie de pierre, est à peine visible ; les jambages et le bord inférieur de son linteau sont seuls apparents. Au-dessus est scellé un grand ouvrage de menuiserie peint, et qui se raccorde avec les porte-tapisseries moulurés. Ces tapisseries s’arrêtent sur un lambris inférieur qui garnissait généralement le bas des murs. La partie du mur laissée nue entre le plafond et les tapisseries était décorée de peintures, et une portière était suspendue à la boiserie formant dessus de porte.

Il arrivait que certaines portes d’appartements étaient complétement masquées sous la tapisserie, laquelle était fendue seulement pour laisser passer les habitants. C’étaient là de véritables portes sous tenture.

Les exemples de portes d’appartements de la fin du XVe siècle ne manquent pas, et l’on peut les trouver partout ; elles sont généralement terminées par un arc surbaissé, et quelquefois cet arc est couronné par une accolade. On voit encore de jolies portes de ce genre au palais des Ducs de Bourgogne à Dijon, à l’hôtel de Cluny à Paris, à l’évêché d’Évreux, au palais de justice de Rouen, et dans beaucoup de châteaux de cette époque, tels que ceux d’Amboise, de Blois, etc.

L’époque de la renaissance éleva de très-belles portes extérieures et intérieures dans les habitations seigneuriales ou dans les maisons ; mais l’étendue de cet article ne nous permet pas de dépasser la limite de l’ère gothique. Si nous voulions choisir parmi les beaux exemples des portes du commencement de la renaissance, nous serions entraîné beaucoup trop loin. D’ailleurs ces exemples sont reproduits dans un grand nombre d’ouvrages mis entre les mains de tous les artistes.

PORTIQUE, s. m. Ce n’est qu’à dater du XVIe siècle que ce mot fut introduit dans le langage des architectes. Mais si le mot n’existait pas pendant le moyen âge, en français, on possédait l’ordonnance. On disait porche, si le portique avait peu d’étendue et se présentait devant l’entrée d’un édifice ; cloistre, s’il entourait une cour ; piliers, s’il se développait devant des façades de maisons ou de palais sur la voie publique ou sur un préau. Grégoire de Tours parle de portiques de bois peints de couleurs éclatantes qui entouraient les cours des palais mérovingiens. Eginhard[1] rapporte que l’empereur Louis le Débonnaire passant sur un portique de bois le jeudi de la semaine sainte, en revenant de l’église, cette construction vermoulue s’écroula et l’entraîna dans sa chute avec sa suite. Les vignettes des manuscrits des IXe et Xe siècles montrent assez fréquemment des portiques composés de colonnes avec arcades que l’on fermait au moyen de draperies : on en voit de figurées dans la tapisserie de Bayeux. Toutefois

  1. Louis le Débonnaire, 817.