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[portique]
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il ne paraît pas que pendant le moyen âge on ait élevé, comme pendant l’antiquité grecque et romaine, des portiques uniquement destinés à servir de promenoirs et d’abri aux habitants d’une cité. Ils faisaient toujours partie d’un édifice, se développaient sous des maisons, sur la voie publique[1], ou s’ouvraient sur les cours des établissements monastiques et des palais[2]. Ce qui distingue le portique du cloître proprement dit, c’est que le premier est une galerie couverte présentant une seule face, tandis que le cloître entoure complètement une cour au moyen de quatre galeries desservant des bâtiments plantés d’équerre. Quant aux dispositions de détail de ces portiques, elles rappellent celles adoptées pour les cloîtres. Ce sont de simples piliers portant un appentis ou des poitrails, et soutenant alors des étages supérieurs, ou bien des arcades reposant sur des colonnes ; des pieds-droits ; et donnant un couvert lambrissé ou voûté. Le palais épiscopal de Laon présente ainsi, du côté de la cathédrale, un beau portique du commencement du XIIIe siècle, composé de piliers cylindriques supportant des arcs en tiers-point avec plafond lambrissé[3]. Les arcades de ce portique ont été malheureusement remaniées au XIVe siècle ; il en reste une seule intacte, formant l’extrémité de la galerie du côté de l’ouest : c’est celle que nous présentons ici (fig. 1). Il existait au Palais de Paris de beaux portiques voûtés donnant autrefois sur trois côtés d’un préau, et formant ainsi une sorte de cloître[4]. Avant la construction de l’Hôtel de ville actuel de Paris, les bourgeois de la Cité se réunissaient dans des maisons situées sur la place de Grève, et désignées sous le nom de maisons aux piliers, parce qu’elles laissaient à rez-de-chaussée, sur la voie publique, un portique composé de piles de pierre supportant des poitrails avec étages supérieurs. On disait aussi les piliers des halles de Paris, pour désigner les portiques pratiqués dans les maisons entourant la place du marché et qui servaient d’abri aux acheteurs. Beaucoup de villes du moyen âge avaient leurs maisons bâties sur des portiques[5] ; mais ceux-ci ne présentaient jamais une architecture uniforme, chacun disposait son portique comme bon lui semblait : ce qui donnait à ces allées couvertes un aspect des plus pittoresques. On voyait encore à Luxeuil, il y a peu d’années, une rue entièrement percée d’après ce système, d’un aspect original, plaisant par la variété.

Les hôtels, pendant le moyen âge, possédaient souvent des portiques intérieurs qui servaient d’abri aux personnes attendant d’être introduites dans les appartements, sous lesquels se tenaient les valets, et où parfois on attachait les chevaux pendant les visites des maîtres. Ces portiques

  1. Voyez Maison.
  2. Voyez Cloître.
  3. Voyez, pour l’ensemble de ce portique, l’Architecture civile et domestique de MM. Verdier et Cattois, t. II, p. 198.
  4. Voyez Palais, fig. 2. Il ne subsiste que quelques parties de ce portique.
  5. Voyez Maison.