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ports entre les pleins et les vides, des effets ; mais la méthode géométrique pour tracer ces profils est encore incertaine. Dans l’exemple (fig. 18), déjà cette méthode géométrique se développe. On voit que dans cette figure, le tracé A établit la ligne à 45°, et le tracé B la ligne à 60, comme limites de la partie résistante de la pierre ; les boudins n’étant plus alors qu’un supplément de résistance en même temps qu’une apparence d’allégissement.

Dans la figure 19, la méthode géométrique du tracé se complète, se perfectionne ; les lignes à 45° et à 60° reçoivent, sans exception, tous les centres des boudins, et le principe de résistance de l’arc-doubleau comme des arcs ogives est le même cependant que celui admis dans l’exemple (fig. 18). Les évidements, trop prononcés peut-être pour ne pas altérer la force de la pierre dans l’exemple (fig. 18), sont, dans la figure 19, remplis par des baguettes qui, tout en produisant à l’œil un effet très-vif, laissent à la pierre tout son nerf.

Voyons maintenant comment, vers 1230, les architectes bourguignons procédaient dans le tracé de profils d’arcs de voûtes remplissant le même objet que les précédents ; comment la différence de qualité des matériaux employés, le sentiment propre à cette province, faisaient interpréter les méthodes déjà admises dans l’Île-de-France. Voici (fig. 20), en A, un arc-doubleau de bas côté ; en B, une archivolte ; en C, un arc-doubleau de grande voûte ; en DD′, des arcs ogives, et en E, un formeret de l’église de Semur en Auxois[1].

Pour l’arc-doubleau A, la ligne ab est à 45°, la ligne cd à 30°. Tous les centres sont posés sur ces lignes. La ligne de base du profil ef ayant été divisée en cinq parties, une de ces parties a donné le diamètre du cavet inférieur et du boudin inférieur a. Ici, les courbes sont larges, les évidements prononcés, les matériaux très-résistants (pierre de Pouillenay), se prêtant à des tailles profondes et puissantes. Dans l’archivolte B, les centres des cavets et boudins sont posés sur des lignes à 60°. Dans l’arc-doubleau C et les arcs ogives DD′, les centres sont posés sur des lignes à 45°. Dans le formeret E, sur une ligne à 60°. La largeur de ces profils contraste avec la délicatesse et la recherche de ceux adoptés dans l’église de Saint-Denis, bien que l’église de Semur en Auxois soit d’une dimension petite, relativement à celle de l’abbaye du domaine royal. La méthode des tracés est encore incertaine quant aux détails, et procède beaucoup du sentiment, quoique, pour la donnée générale, elle se conforme aux éléments établis dans l’Île-de-France ; mais dans l’architecture de Bourgogne, soit qu’il s’agisse de la structure, de la composition des masses, des profils ou de l’ornementation, on remarque toujours une certaine liberté, une hardiesse et une part considérable laissée au sentiment, qui donnaient à cette école un caractère particulier.

Les architectes bourguignons reconnaissent les règles et les méthodes

  1. Ces profils sont, comme les précédents, tracés au dixième de l’exécution.