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[sculpture]
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un pilastre décorés de statues, figure 31 (voyez Trumeau ).


Si l’on retrouve dans le faire de cette sculpture, dans ces feuilles découpées, aiguës, vivement retournées, l’emprunt de l’art romano-grec de la Syrie ; si les profils et le parti d’encorbellement bien franc rappellent plus encore l’architecture de ces contrées que la sculpture ; la souplesse des folioles, leur modelé délicat, s’éloignent de la sécheresse de l’ornementation byzantine. Le passage du pilastre rectangulaire au tailloir curviligne du chapiteau central est tracé avec adresse. On reconnaît déjà un art contenu, qui se possède, et qui a su trouver sa voie en dehors de l’imitation. Cet autre chapiteau de la nef de Vézelay, avec ses larges feuilles terminées par des sortes de grappes et des grosses gouttes pendantes (fig. 32), bien qu’il ait des analogues dans les édifices dessinés par M. le comte de Vogüé et par M. Duthoit, n’a-t-il pas une largeur et une fermeté de modelé, un galbe d’ensemble, très-supérieurs à ces sculptures gréco-romaines ? Mais, dans la plupart de ces chapiteaux, la statuaire se mêle à l’ornementation avec un rare bonheur, fait que l’on ne trouve pas dans l’architecture byzantine, et qui semble, à cette époque, appartenir aux écoles occidentales, né de leur initiative.