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par leur composition, les chapiteaux de l’Île-de-France de 1170, tandis que ceux de l’arcature des collatéraux du chœur ne laissent apparaître l’imitation des objets naturels, feuilles ou animaux, que par exception.

Ainsi, le chapiteau de l’arcature du chœur que nous donnons ici (fig. 49) s’éloigne plus des formes romanes que ceux de l’église de Suger ; il est plus adroitement évasé, plus délicat ; ses feuillages, bien qu’innaturels, et rappelant encore le faire de la sculpture gréco-romaine, sont plus libres, plus souples. Puis les oiseaux qui surmontent les feuillages ne sont plus des volatiles fantastiques, si fréquents dans les sculptures de 1130 : ce sont des perdrix copiées avec une attention minutieuse ; l’allure, le port de ces oiseaux, sont observés même avec une extrême délicatesse.

Sans monter jusqu’au triforium, la plupart des chapiteaux portant les arcs collatéraux du chœur de Saint-Étienne de Sens affectent des formes de feuillages qui appartiennent presque à l’époque de la basse œuvre du chœur de Notre-Dame de Paris, c’est-à-dire à 1160. La figure 50 donne l’un de ces chapiteaux, qui n’a plus rien du roman. Or, aucun des chapiteaux de l’église de Suger ne se rapproche autant que celui-ci du style décoratif de la fin du XIIe siècle. Tous les chapiteaux du sanctuaire de Saint-Étienne de Sens n’ont pas ce caractère, plusieurs reproduisent en-