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ques assauts infructueux, on dût avoir recours à la mine pour s’en emparer.

Nous trouvons dans un roman du XIIIe siècle : Messire Gauvain, par le trouvère Raoul[1], une description assez curieuse d’un siège de château par les gens de la dame de Gautdestroit. Les assiégeants commencent à reconnaître la place ; ils trouvent un point faible où les murs sont bas, où le fossé est comblé et les maçonneries dégradées. Ils s’établissent en face de ce point, et font leur rapport au chef (la dame de Gautdestroit). Alors on fait arriver les troupes, on charrie les mangonneaux et les pierrières, et l’on investit la forteresse entièrement. Une pierrière est dressée en face de la courtine faible ; deux mangonneaux sont élevés devant un pont-levis pour le détruire, ainsi qu’un hourdage. Les assaillants bâtissent encore un castillet de dix toises de hauteur[2]. Dans le hourdage de bois qui le couronne s’est posté le chef avec ses archers, des lansquenets et des arbalétriers. Cinq jours sont employés à dresser ces ouvrages et à monter les engins. Après quoi on attaque les lices, puis les remparts. Pendant les assauts, les engins jettent force pierres sur les défenseurs du château[3]. Ceux-ci repoussent l’assaut en jetant pierres et carreaux, charbons brûlants et eau chaude. L’assaut n’ayant pas réussi au gré des assiégeants, la nuit[4], plus de vingt mineurs descendent dans le fossé

  1. Ce poëme a été publié par M. C. Hippeau, 1852, Aug. Aubry édit.
  2. Vers 2 877 et suiv. :

    « Un castelet ont contrefait,
    Qui bien ot .x. toisses de haut.
    Sur le castel, en l’escafaut,
    Ot mis la ames ses arciers :
    Lanceors et arbalestriers
    Y ot por cels dedens grever.
    ............. »

  3. Vers 2 900 et suiv. :

    « Cil dehors fisent caines tendre
    Et font eskieles, por monter
    Droit as mur les font aporter.
    Si sont en contremont drecies
    Et lor perieres adrecies
    Et lor mangounialx font jeter,
    Lors veissiez pieres fonder
    Et assaillir mult aigrement.
    Et cil dedens hardiement
    Se desfendent à lors crenials
    Et jettent pierres et quarrials
    Et carbons caux et eve caude,
    Qui cels de fors art et eschaude.
    ............. »

  4. Vers 2 928 et suiv. :

    « Au soir, quant li jors fu salis,
    Qu’il furent las et la nuis vint ;
    Vinrent li mineur plus de .xx.,
    As fossés, por le mur percier,
    As bordons et as pins d’acier.
    Si sont del mur mult aprocié,
    Qu’il l’ont en pluisors lius blecié
    Et esfondré. Icele nuit
    Qui qu’il en poist, ne qui c’anuit,
    Trois toisses en ont abatu.
    ............. »