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Saint-Benoît-sur-Loire, de Montmajour près d’Arles, de Saint-Sernin de Toulouse, etc. Alors le sanctuaire proprement dit est relevé de quelques marches au-dessus du pavé de la nef, et formait un lieu réservé possédant un autel particulier, dit autel des reliques, tandis que le maître autel était placé au-dessous de ce sanctuaire, devant le chœur des religieux, et s’appelait autel matutinal, c’est-à-dire devant lequel on chantait les matines.

Nos cathédrales françaises, rebâties pendant la seconde moitié du XIIe siècle ou au commencement du XIIIe, ne possédaient pas, à proprement parler, de sanctuaire, mais seulement un chœur au milieu duquel s’élevait l’autel. La cathedra, le siège épiscopal, était posée au fond du chœur, derrière l’autel. Il faut se reporter au temps où furent élevés ces grands monuments, pour apprécier les motifs qui avaient fait adopter cette disposition qui appartient aux provinces dépendant du domaine royal. Nous avons indiqué ces motifs dans notre article Cathédrale, et nous ne croyons pas nécessaire d’insister. Il nous suffira de dire que ces grandes églises étaient si peu pourvues de ce qu’on appelle sanctuaire dans les églises abbatiales, que le chœur était généralement établi de plain-pied avec le collatéral.

Cette disposition existait primitivement à Notre-Dame de Paris, dans les cathédrales de Senlis, de Meaux, de Chartres, de Sens. Le chœur n’était pas même séparé des bas côtés par des clôtures, celles-ci ayant été établies plus tard, vers le milieu du XIIIe siècle, au moment où ces grands monuments perdirent leur double destination civile et religieuse pour ne conserver que la dernière. Même alors le chœur était clos, mais il n’était pas établi une séparation distincte entre celui-ci et le sanctuaire, ou plutôt l’autel était placé à l’extrémité orientale du chœur, au centre du rond-point. Tout sanctuaire implique la présence d’une confession, d’une crypte contenant un ou plusieurs corps saints ; or, les grandes cathédrales, rebâties aux XIIe et XIIIe siècles, sauf de rares exceptions[1], ne possédaient pas de cryptes, partant pas de sanctuaires.

SCULPTURE, s. f. Nous comprendrons dans cet article la statuaire et la sculpture d’ornement. Il serait difficile, en effet, de séparer, dans l’architecture du moyen âge aussi bien que dans celle de l’antiquité, ces deux branches du même tronc ; et si, dans les temps modernes, les sculpteurs statuaires se sont isolés, ont le plus souvent pratiqué leur art dans l’atelier, en ne tenant plus compte, ni de l’ornementation, ni de l’architecture, c’est une habitude qui ne date guère que du XVIIe siècle, née au sein des académies. Jadis les sculpteurs statuaires n’étaient que des imagiers. Ce titre ayant paru maigre, on l’a changé. Ces imagiers travaillaient pour un monument, dans les chantiers de ce monument, concouraient directement à l’œuvre, sous la direction du maître ; mais aussi

  1. Bourges, Chartres.