Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 9.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[tour]
— 154 —

létriers, postés sur le chemin de ronde B. Puis, par les mâchicoulis on obtenait un tir très-plongeant et la chute verticale des projectiles, qui, ricochant sur le talus, prenaient les assaillants en écharpe. Ainsi, dans un rayon de 150 à 200 mètres, les défenseurs pouvaient couvrir le terrain d’une quantité innombrable de carreaux, de viretons et de pierres. Le sommet de la guette dépasse de plusieurs mètres le sommet du comble de la tour, et son escalier à vis possède un noyau à jour de manière à permettre au guetteur de se faire entendre des gens postés dans le chemin de ronde, comme s’il parlait à travers un tube ou porte-voix.

En G, est tracée la coupe sur le milieu des côtés de l’hexagone intérieur, c’est-à-dire suivant l’axe des fenêtres.

C’est là un des derniers ouvrages qui précèdent de peu l’emploi régulier des bouches à feu, puisque le château de Pierrefonds était terminé en 1407 ; aussi ces belles tours, élevées suivant l’ancien système défensif perfectionné, sont-elles très-promptement renforcées d’ouvrages de terre avancés propres à recevoir des bouches à feu. À Pierrefonds comme autour des autres places fortes, au commencement du XVe siècle, on retrouve des traces importantes et nombreuses de ces défenses avancées faites au moment où les assiégeants traînent avec eux du canon. La plate-forme qui précède ces tours vers le plateau est disposée pour pouvoir mettre en batterie des bombardes ou coulevrines.

La célèbre tour de Montlhéry, sur l’ancienne route de Paris à Orléans, est à la fois réduit du donjon et guette. Ce qu’on désigne aujourd’hui sous le nom de château de Montlhéry n’est, à proprement parler, que le donjon, situé au point culminant de la motte. Le château consistait en plusieurs enceintes disposées en terrasses les unes au-dessus des autres, et renfermant des bâtiments dont on découvre à peine aujourd’hui les traces. Chacune de ces terrasses avait plus de cent pieds de longueur, et c’était après les avoir successivement franchies qu’on arrivait au donjon ayant la forme d’un pentagone allongé (fig. 58). Lorsqu’on avait gravi les terrasses, on se trouvait devant l’entrée A du donjon, dont la construction appartient à la première moitié du XIIIe siècle.

Du château où résida Louis le Jeune en 1144, il reste peut-être des substructions, mais toutes les portions encore visibles du donjon, et notamment la tour principale, réduit et guette, ne remontent pas au delà de 1220, bien qu’elle passe généralement pour avoir été construite par Thibaut, forestier du roi Robert, au commencement du XIe siècle.

Cette tour B, plus grosse et plus haute que les quatre autres qui flanquent le donjon, a 9m,85 de diamètre au-dessus du talus (30 pieds) ; le niveau de sa plate-forme était à 35 mètres environ au-dessus du seuil de la porte du donjon. Son plan présente des particularités curieuses. Une poterne relevée, fermée par une herse, donne sur les dehors