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[tourelle]
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posées pour donner de petits cabinets dans le voisinage des pièces d’habitation. Il existait une charmante tourelle de ce genre dans l’angle de la cour de l’hôtel de la Trémoille, à Paris ; elle formait un porche à rez-de-chaussée, devant le couloir qui conduisait au jardin[1].

Lorsque les tourelles sont posées en encorbellement, les constructeurs du moyen âge ont apporté un grand soin dans la disposition de l’appareil et dans la répartition des charges, pour éviter la bascule. Ces encorbellements naissent beaucoup au-dessous du sol inférieur de la tourelle, et le cylindre est complet, afin de pouvoir être maintenu dans son centre de gravité. Il est assez rare qu’une tourelle d’angle soit tracée ainsi que l’indique le plan (fig. 4, A), c’est-à-dire ayant les trois quarts de sa surface en dehors de la construction inférieure. Le plus habituellement, ou un contre-fort soulage une partie du porte-à-faux (voyez en B), ou plus d’un quart de la tourelle est engagé dans l’angle (voy. en C). Mais le XVe siècle se permettait des hardiesses de construction et aimait à les montrer. On éleva donc parfois, à cette époque, des tourelles d’angle suivant le tracé A. Or, pour maintenir la bascule de toute la portion abc du cylindre, il fallait que le cul-de-lampe prît naissance assez bas pour être chargé par l’angle h, avant de commencer le dégagement complet de l’intérieur de la tourelle. Les constructeurs procédaient ainsi. Soit (fig. 5) une coupe faite sur bh ; soit g le niveau du sol de l’étage en communication avec le sol inférieur de la tourelle. La naissance du cul-de-lampe était placée en n, et assez bas pour que la charge du quart du plan nopq, posant sur l’angle de pierre, fût équivalente au moins à la charge nst des trois quarts du cul-de-lampe en porte-à-faux. À cet effet, il était laissé en v un vide que l’on recouvrait avec un bout de plancher. C’est ce vide que l’on prend, dans les tourelles anciennes où il existe, pour des cachettes préméditées[2]. Les trois

  1. Voyez Maison, fig. 36 et 37. Des fragments de cette tourelle ont été déposés dans la cour de l’École des Beaux-Arts à Paris. — Voyez encore l’Architecture civile et domestique de MM. Verdier et Cattois.
  2. J’ai vu ruiner une tourelle dans laquelle le propriétaire d’un manoir avait eu l’idée de faire enlever le massif d’angle formant contre-poids, croyant que ce massif devait ren-