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Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 9.djvu/209

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recevra le bandeau d’archivolte F. D’ailleurs la projection horizontale des chapiteaux et de leurs tailloirs donnera celle des bases et de leurs socles, ainsi que le démontre la projection verticale L. Ce détail très-simple, puisqu’il ne s’agit que du tracé d’une suite d’archivoltes concentriques, fait ressortir le principe dominant. Ce sont les arcs, leur projection horizontale, qui commandent la forme des chapiteaux, les fûts et les bases des colonnes. Le maître a dû tracer ces rangs d’arcs avant de tracer le plan par terre[1].

S’il s’agit de tracer les arcs d’une nef et leurs supports, l’opération (cela va sans dire) est plus compliquée. En architecture, comme en toute chose, quand un principe nouveau est admis, les premières applications que l’on en fait ne sont pas les plus simples. Nos moteurs à vapeur sont moins compliqués que ne l’étaient ceux du commencement du siècle ; ce n’est que par l’étude que l’homme arrive à simplifier ce que son génie lui fait trouver tout d’abord.

Mettons en parallèle deux systèmes de piles de nefs portant des voûtes en arcs d’ogive (fig. 3). L’un, A, appartient à l’église cathédrale de Paris ; l’autre, B, à l’église cathédrale de Reims. Le premier date de 1195, le second de 1220 environ. Jetons les yeux sur la coupe de la nef de l’église Notre-Dame de Paris (voy. Cathédrale, fig. 2). Nous verrons que des piliers cylindriques partent : à rez-de-chaussée, deux archivoltes, un arc-doubleau, deux arcs ogives et un faisceau de trois colonnettes destinées à porter les arcs des voûtes hautes ; au premier étage, une galerie voûtée, c’est-à-dire un arc-doubleau et deux arcs ogives ; à la hauteur des fenêtres, un contre-fort, le mur percé de baies, deux colonnettes pour les formerets, l’arc-doubleau et les deux arcs ogives des voûtes hautes. Le maître de l’œuvre, en maintenant le système des piles cylindriques, croyait certainement partir d’une donnée simple, et cependant ce premier point devait lui causer des embarras et l’obliger à des complications d’épures.

On voit sur notre figure 3, en A, la projection horizontale de tous ces membres superposés à la demi-circonférence du pilier cylindrique. Sur cette circonférence, le traceur a fait retomber l’arc-doubleau a et l’arc ogive b du collatéral, l’archivolte à deux rangs de claveaux ccd portant l’ordonnance longitudinale, la colonnette e et celle f destinées à porter l’arc-doubleau et l’arc ogive des voûtes hautes. Pour recevoir ces membres, il a tracé le tailloir du chapiteau opqr carré aux angles abattus, ce qui n’empêche pas qu’il reste des surfaces horizontales v ne portant rien. Ce premier tracé reçoit le plan des piliers au niveau de la galerie, plan que l’on trouve en ghijk. Adossées à la partie interne de ce pilier, ont été tracées les colonnettes l des arcs-doubleaux et m des arcs ogives des voûtes de cette galerie. Les projections horizontales des arcs de ces voûtes sont les mêmes que celles des arcs ab des voûtes du collatéral.

  1. Voyez Porte, fig. 53, 59, 60, 62, 63 et 64.