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[transsept]
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sanctuaire occupé par les reliques, et dans le chœur entouré de stalles, clos par un jubé vers la nef, et par des grilles basses sur les deux croisillons. On observera que, dans cette église particulièrement vénérée, ce qui se modifie le moins, c’est le transsept ; jusqu’aux derniers travaux entrepris, il demeure à la même place. L’autel reste encore au XIIIe siècle, en V, au-dessus du point consacré par la tradition[1]. Ce transsept est mis en communication avec les bâtiments de l’abbaye, par une large porte. Il s’ouvre également du côté extérieur, donnant sur l’ancien cimetière, dit des Valois. D’amples emmarchements permettent aux fidèles de circuler dans le collatéral du sanctuaire et d’assister aux offices des chapelles.

Mais si le transsept a conservé sa position et presque ses dimensions primitives, il ne se trouve plus au XIIIe siècle dans les conditions où il se trouvait au VIe et même au XIIe. Autour de lui, l’église s’est développée, et cela au profit de l’assistance.

Cependant ces transformations ne se manifestaient que dans les églises des grandes abbayes, les petits établissements religieux conservaient à peu près les dispositions anciennes du transsept réservé aux moines. L’église de Saint-Jean aux Bois, près de Compiègne, est un exemple d’une de ces constructions monastiques élevées au XIIIe siècle sur de petites dimensions. Dépourvue de collatéraux, cette église se compose d’une large nef et d’un sanctuaire, séparés par un transsept dont les croisillons sont chacun divisés par une colonne sur le prolongement des murs latéraux[2]. Cette jolie disposition, si convenable pour une petite église conventuelle, est présentée dans la vue perspective (fig. 10). On aperçoit dans cette figure la trabes de l’entrée du sanctuaire[3]. Les stalles des religieux étaient adossées aux croisillons, et ceux-ci, derrière ces stalles, laissaient des espaces libres pour les hôtes ou les personnages qui avaient accès dans le monastère. La nef était ainsi réservée aux gens du dehors. On ne pénétrait dans les croisillons que par de petites portes donnant dans l’enceinte du couvent.

Les églises paroissiales subissaient l’influence des abbayes ou cathédrales voisines. Dès une époque reculée, elles possédaient, la plupart, des transsepts, principalement dans les provinces du Nord, du Centre et de l’Est. Dans le Poitou, la Saintonge et l’Angoumois, au contraire, il n’est pas rare de trouver des églises paroissiales des XIIe et XIIIe siècles dépourvues de transsepts. Le centre de la croisée de ces églises

  1. Pour se rendre compte de la disposition ancienne du transsept qui composait en partie le chœur des religieux de Saint-Denis, voyez l’article Chœur, fig. 2. Aujourd’hui les monuments sont rétablis dans le transsept, suivant la disposition adoptée sous saint Louis.
  2. Voyez les plans et élévations de ce joli édifice dans l’ouvrage de M. de Baudot : Églises de bourgs et villages (Morel, éditeur).
  3. Voyez Trabes.