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mais elle était déjà détruite du temps de Gaignères, qui nous a laissé le dessin de ce curieux monument.

On voit encore dans la cathédrale de Limoges, adossé au collatéral nord, un de ces tombeaux en forme de niches ou chapelles, datant du XIVe siècle : c’est celui de l’évêque Bernard Brun. Ce monument est gravé dans l’ouvrage de M. Gailhabaud[1]. Au fond de la niche, séparée par une pile centrale, des bas-reliefs représentent des sujets de la légende de sainte Valérie, un crucifiement, un couronnement de la Vierge et un jugement dernier. Il faut citer aussi les deux jolis tombeaux appartenant à la même époque, et qui sont adossés au mur de la chapelle de la Vierge, dans la cathédrale d’Amiens. Ils sont en forme de niche couverte par une arcade basse surmontée d’un gâble. Sur le socle, portant les statues couchées des défunts, sont sculptés, dans de petites niches, des personnages religieux, chanoines et laïques, qui composent le cortège accompagnant les corps à leur dernière demeure. Les écus armoyés des deux personnages, un évêque et un chanoine, sont peints au fond des niches.

Un des monuments funéraires les plus intéressants, affectant la forme d’une niche avec sujets, est le tombeau du prêtre Bartholomé, placé dans l’église de Chénerailles (Creuse), et dont il fut probablement le fondateur. Ce tombeau, engagé dans la troisième travée du côté méridional, est posé à 2 mètres au-dessus du pavé, et est taillé dans un seul bloc de pierre calcaire. Son architecture présente un arc en tiers-point avec deux contre-forts. L’enfoncement est divisé en zones, dans chacune desquelles se détachent des personnages en ronde bosse. La zone inférieure représente la scène de l’ensevelissement du mort. La sainte Vierge occupe, dans la zone du milieu, le sommet d’un édicule avec escalier. Saint Martial gravit l’escalier, un encensoir à la main. Sur le terrain à la droite de la Vierge, est représenté le martyre de saint Cyr et de sa mère sainte Julite. À sa gauche, le prêtre Bartholomé, agenouillé, est présenté à l’enfant Jésus par son patron, et saint Aignan, évêque. Sous l’arcade est sculpté un crucifiement. Sur deux phylactères placés sous la seconde et la première zone, on lit : « Hic. jacet. dominus. Bartholomeus. de Plathea. presbiter. qui. obiit. die. fest. V. M. (Virginis Mariœ) anno. Dni. M°CCC[2]. » )

La sculpture de ce petit monument est d’un style médiocre, mais sa composition est heureusement trouvée.

Voici (fig. 11) un autre exemple de ces tombeaux adossés, en forme de niche, avec effigie du mort. Cet exemple date de 1300 environ. Le nom du défunt ne nous est pas conservé. Ce tombeau fut incrusté après coup dans le mur du collatéral nord de l’église de Saint-Père

  1. L’architecture et les arts qui en dépendent.
  2. Voyez, dans les Annales archéol., Didron, la notice de M. l’abbé Texier sur ce monument, et la gravure de M. Gaucherel, t. IX, p. 193.