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[voûte]
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Nous donnons (fig. 45) la projection horizontale de la moitié de ces voûtes, au chevet de l’église. L’arc-doubleau et l’arc ogive composent, comme dans la voûte du moyen âge, l’ossature principale de la structure ; mais les tiercerons qui partent de la pile pour se joindre au milieu des liernes n’existent plus ici, et sont remplacés par des intermédiaires ab, qui, s’ils produisent un effet décoratif piquant, ont le tort de reporter une poussée latérale sur les flancs des formerets, ce qui est absolument contraire au principe de la structure des voûtes gothiques, et, qui pis est, au bon sens. Cette poussée est encore augmentée par les arcs ad, qui eux-mêmes contre-butent les liernes de. Aussi ces formerets (rabattus en AA′B) s’étaient-ils inclinés en dehors sous la pression de ces arcs qui viennent les pousser en a′a″, ce qui ne serait point arrivé si, au lieu de ces arcs ab, l’architecte eût posé des tiercerons Ad… ; mais on n’aurait pas eu ce compartiment en étoile, et le désir de produire une apparence nouvelle l’emportait sur ce que commandait la raison. On voit donc que déjà se manifestait cette tendance, si développée aujourd’hui en architecture, de sacrifier le vrai, le sage, le raisonné, à une forme issue du caprice de l’artiste. Bien d’autres entorses à la raison se rencontrent dans cette voûte. Ainsi, nous avons rabattu l’arc-doubleau en AC, et l’arc ogive Ae en AF ; le grand arc AD contre-butant la clef du chevet, en AG. La rencontre de ce grand arc AD avec l’arc ogive donne la clef H ; or, comme cet arc ogive est tracé, le niveau de cette clef H est donné et se trouve en h. Nous reportons ce niveau en h′ sur le rabattement de l’arc AD. Le niveau de la clef I est donné ; il est le même que celui de la clef H, puisque l’arc ogive AE est tracé. Il faut donc que l’arc KI atteigne ce niveau I ; nous le rabattons en KIi, la flèche Ii étant égale à la ligne Ih. Rabattant sur l’arc de cercle Ki la clef O, nous obtenons le point o′, et la hauteur Oo′ donne, sur la courbe Ki aussi bien que sur celle du grand arc AD, le niveau de la clef O en o′ et en o″. Donc il faut que cette grande courbe butante AD passe en G, en h′ et en o″. De o″ en G, elle se rapproche évidemment trop de l’horizontale et bute mal l’arrivée des arcs ogives et liernes du chevet ; aussi cette branche d’arc o″G s’était-elle tordue et relevée, par suite le grand arc-doubleau KL s’était déformé.

La clef b étant donnée en projection horizontale, son niveau est donné sur le rabattement de l’arc ogive en b′ ; la rencontre a sur le formeret étant donnée en projection horizontale, son niveau est donné en a″ sur le rabattement du formeret, donc la longueur ab en projection horizontale ; l’arc a″b″ est connu. Il en est de même pour l’arc bm, rabattu en b″m′, puisque le niveau de la clef m est connu.

    contre-forts avaient été sapés à diverses époques ; quelques tassements s’étaient produits. Il y a vingt ans, ces voûtes menaçaient ruine, il fallut les refaire. M. Piéplu, architecte du département de l’Yonne, s’acquitta de ce travail avec beaucoup d’adresse, il y a quelques années ; mais, par des raisons d’économie, on se contenta de voûtes simples en arcs d’ogive. Nous donnons ici les voûtes anciennes, relevées avant la démolition.