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[ DAGUE ]
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aux deux tiers de l’exécution). En R, est reproduite la marque de fabrique, damasquinée en or sur le talon.

À la fin du xve siècle, le mode d’escrime de la main gauche avec la dague est modifié. Ce ne sont plus les quillons qui servent à engager et à briser la pointe de l’épée de l’adversaire ; une coquille adaptée à l’une des faces de la garde remplit cet office. Cette coquille, renversée, est forte, et la lame au talon est puissante (fig. 4[1]). Cette dague date de la fin du règne de Louis XI. La poignée est joliment travaillée dans de la corne ; l’extrémité de la soie est terminée par un rivet sphérique. La lame, dont nous donnons en A la section et en B la partie proche du talon, est à un seul tranchant vif et décorée d’arabesques avec inscriptions gravées et dorées. Sur le dos, on lit :

DE PEU A PEU ; — sur l’une des rives : ASSEZ BIEN FAICT ET PAR SAISON, QUI FAICT SON FAICT TOUT PAR RAISON ; — sur l’autre : FURIE CEDES CEDENDO VICTOR ABIET, ESPOIR NA LIEU OU FORTUNE DOMINE.

Quant aux longues dagues des gens de pied, la lame à deux tranchants avait environ 60 centimètres de longueur. Elle était large au talon et se terminait en pointe par deux lignes droites. La poignée était munie de quillons et parfois d’un appendice du côté externe, propre à parer les coups et à garantir l’index et le pouce. La figure 5[2] présente une de ces dagues de la fin du xive siècle[3]. La

  1. Même collect.
  2. Même collect.
  3. Il est à observer que la lame est plus ancienne et a été repassée à la meule. C’est