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[ ÉCU ]
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L’écu de l'homme d'armes diminue encore au commencement du xive siècle ; il est un peu plus long que large, est presque plat, très-peu recourbé dans le sens transversal et invariablement armoyé. Il ne faut pas confondre alors l'écu avec le pavois, qui était une arme défensive de piéton (voy. Pavois) ; l’écu appartenait exclusivement au chevalier (fig. 10[1]). Les enarmes ne consistaient alors qu’en une seule courroie (voyez en A[2]), et l’intérieur de l’écu était doublé de peau piquée, de manière à ne pas froisser le bras lorsqu’on recevait un choc violent. Souvent alors ces écus ne possèdent pas de guige ; la courroie (enarmes) était munie d’une boucle qui permettait de l’allonger, et alors pouvait être passée sur l’épaule ou au cou. On le portait le long de la cuisse gauche (voyez Armure, fig. 29 et 30), ou le long de l’arrière-bras, lorsqu’on ne combattait pas.

Ce qui distingue particulièrement l’écu adopté de 1320 environ à 1350, c’est la forme du chef, dont les deux côtés, dans la hauteur du quart au moins de l’écu, sont parallèles et verticaux, ainsi qu’on le voit en A, dans la précédente figure. Avant cette époque, depuis le milieu du xiiie siècle, la courbe commence au sommet même du chef et ce sommet est souvent aussi légèrement convexe. La forme adoptée dans la première moitié du xive siècle se prêtait mieux que les précédentes à la peinture du blason ; aussi est-ce à cette époque que les armoiries sont régulièrement figurées, et la surface rectangulaire du chef (le quart environ de la hauteur totale de l’écu) était occupée alors par cette pièce des armes, lorsqu’il y avait lieu, en laissant aux trois autres quarts la forme adoptée vers la seconde

  1. Manuscr. Biblioth. nation., Lancelot du Lac, français (premières années du xive siècle
  2. Même manuscrit