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[ ÉPERON ]
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La figure 3 montre un de ces éperons du xiiie siècle[1]. Il est de fer, très-bien forgé ; sa tige n’a pas moins de 0m,22 de longueur. Les branches sont extrêmement courbées pour relever la molette au niveau des chevilles. Les œillets sont doubles pour la courroie de sous-pied et celle du cou-de-pied.

Cette forme se modifie peu pendant le cours des xiiie et xive siècle. Les tiges sont plus ou moins longues, mais le principe est le même. Quelquefois les oeillets sont placés horizontalement l’un près de l’autre, afin de donner plus de force à la courroie de sous-pied en l’éloignant du talon (fig. 4[2]), et empêcher d’autant l’abaissement de la tige. En effet, plus le levier ab esl long (a étant l’oeillet de la courroie de sous-pied et b celui de la courroie de cou-de-pied), mieux on peut maintenir le point c (molette) à sa place, en l’empêchant de s’abaisser par la pression sur les flancs du cheval.

Aussi, depuis la fin du xiiie siècle, cette méthode d’attache est-elle généralement adoptée.

Ces grands éperons de bataille étaient gênants, et on les remplaçait, quand on n’était pas armé, par des éperons plus courts, à une forte pointe (fig. 5[3]). Les œillets des branches de ces éperons de fer sont placés perpendiculairement aux branches. Une simple courroie passait par ces œillets allongés, formait sous-pied et se bouclait sur le cou-de-pied.

On observera que la tige est fortement renversée. C’est qu'en effet ces sortes d’éperons étaient bouclés lorsqu’on montait les roussins,

  1. Musée de la ville de Reims, et collection de M. W. H. Riggs.
  2. Musée des fouilles de Pierrefonds (fin du xiiie siècle ou commencement du xive siècle).
  3. Collection de M. W. H. Riggs.