Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 5.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[ ARC ]
— 38 —

sons tournois de gaiges… Et voulons que tous piétons soient mis par connestablies et compaignies de vingt-cinq ou de trente hommes, et que chascun connestable ait et prengne doubles gaiges, et que ils facent leurs monstres (revues) devant ceuls à qui il appartiendra, ou qui à ce seront députez ou ordonnez, et que chascun connestable ait un pennencel à queuë de tels armes ou enseigne comme il li plaira. »

Charles V institua, pour la défense de la ville de Paris, un corps d’arbalétriers composé de deux cents hommes[1]. Ce corps élisait chaque année quatre prévosts de la confrérie, qui commandaient chacun cinquante hommes. Chaque arbalétrier recevait en temps ordinaire « deux vielx gros d’argent ou la valeur » par jour, et le double en campagne. La confrérie jouissait en outre de nombreux privilèges. Elle s’accrut beaucoup en peu de temps, puisqu’en 1375, le même Charles V la fixe à huit cents hommes. Sous Charles VI, les privilèges dont jouissaient les arbalétriers, non-seulement à Paris, mais à Rouen, à Compiègne, à Tournay, à Laon, etc., furent encore augmentés. C’est sous François ler qu’on voit disparaître les arbalétriers dans les armées de France. A la bataille de Marignan, il y avait encore deux cents arbalétriers à cheval, de la garde du roi, qui rendirent des services signalés. En 1536, l’auteur de la Discipline militaire[2] dit qu’il n’y avait devant Turin qu’un seul arbalétrier dans l’armée française ; mais que cet homme, à lui seul, tua et blessa plus d’ennemis que n’en tuèrent et blessèrent les meilleurs arquebusiers renfermés dans la place. Cet arbalétrier était un habile tireur, puisqu’à la Bicoque il tua d’un carreau Jean de Cordonne, capitaine espagnol, qui avait levé un instant la visière de son casque pour respirer[3].

Nous ne parlons pas ici des arbalètes de chasse, plus légères que les arbalètes de guerre, et parmi lesquelles il faut ranger les arbalètes à jalet, qui lançaient de petites balles de plomb ou même de terre glaise, et avec lesquelles on tirait sur les petits oiseaux.

ARC, s. m. Arme de jet composée d’une verge de bois plus épaisse au milieu qu’aux extrémités, d’une longueur variant entre 1m,90 et 1m,50, courbée au moyen d’une corde fixée aux deux extrémités, et lançant un projectile, la flèche, lorsque l’archer, après avoir

  1. 9 août 1359
  2. Ouvrage attribué à Guillaume du Bellay.
  3. Discipline militaire