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présentait la figure B. On comprend de quelle puissance de projection devait être pourvue cette arme, faite de nerfs collés ensemble sur une âme de bois très-souple. Au xiiie siècle, l’archer en France perd une grande partie de son importance en campagne, par suite de l’adoption presque exclusive de l’arbalète. Nous étions alors ce que nous sommes encore : ardents à accepter une chose nouvelle et à la considérer comme parfaite sans prendre le temps d’examiner si elle supplée réellement à ce qu’elle remplace. L’arbalète était une arme de jet excellente, mais elle ne pouvait remplacer l’arc ; les deux armes étaient aussi nécessaires en bataille rangée que le sont aujourd’hui les fusiliers et l’artillerie légère. Aucune arme ne pouvait suppléer à la rapidité du tir de l’arc. Voici (fig. 4) un archer du xiiie siècle[1] ; car, bien que les troupes françaises n’eussent pas alors avec elles un assez grand nombre de ces tirailleurs, elles utilisaient quelques fantassins fournis par les communes du Nord, lesquels étaient armés d’arcs et de longs couteaux. Il n’était pas rare

  1. Manuscr. du Roumans d’Alixandre, Biblioth. nation., français (milieu du xiiie siècle). Cet archer est vêtu d’une ample tunique, d’une aumusse qui paraît être faite de peau. Sa main droite est armée d’un gant ; la partie interne de son avant-bras gauche est préservée par une plaque de fer.